14.01.2015 • Catastrophe industrielle

Anniversaire de Bhopal : trente ans après la catastrophe, la tragédie continue

En décembre 1984, la ville indienne de Bhopal était le théâtre d’une des plus importantes catastrophes industrielles de l’histoire, dont les terribles conséquences humaines et environnementales se font encore sentir aujourd’hui. Bhopal apparaît aussi comme un cas d’école de la difficulté pour les victimes d’obtenir justice face aux entreprises multinationales et à leurs dirigeants, particulièrement lorsqu’il s’agit de populations pauvres d’un pays du Sud de la planète. Bilan en trois parties du trentième anniversaire de Bhopal, par Sunita Narain et Chandra Bhushan du Center for Science and Environment de New Delhi.

Publié le 14 janvier 2015 , par Chandra Bhushan, Sunita Narain

C’est dans la nuit du 2 décembre 1984 que Bhopal est morte un million de fois. Le produit chimique, l’isocyanate de méthyle (MIC), qui s’est déversé depuis une usine de pesticides d’Union Carbide India Ltd (UCIL) a transformé la ville en une vaste chambre à gaz. Prise de vomissements, la population s’enfuyait dans les rues et mourait. La ville s’est trouvé à court d’incinérateurs. Ce fut la première (et jusqu’à présent, la seule) catastrophe industrielle majeure qu’ait connu l’Inde. Auparavant, les gouvernements successifs avaient dû faire face à des inondations, à des cyclones et même à des tremblements de terre, mais ils ne savaient absolument pas comment réagir face à un tel événement. La société multinationale américaine Union Carbide Corporation (UCC), propriétaire de l’usine par l’intermédiaire de sa filiale UCIL, n’a pratiquement rien fait pour aider l’Inde à faire face à cette tragédie humaine. Trente ans plus tard, la tragédie continue. Non pas à cause de ce qui s’est passé durant cette nuit fatidique, mais à cause de l’incompétence et de l’indifférence qui ont suivi.

Bhopal a été frappé d’une double catastrophe : l’une s’est déroulée sur le moment, l’autre au cours des trente années qui ont suivies.

Un impact sanitaire encore mal évalué

Le problème est que personne ne savait vraiment grand-chose sur le produit toxique ou sur ses antidotes. Quelques semaines après l’accident, beaucoup ont affirmé que le pire était passé, et que les maladies dont souffrait la population étaient des maladies dues à la pauvreté, telles que la tuberculose et l’anémie. Mais à ce jour personne ne connaît vraiment les effets du MIC sur la santé ni la façon de traiter les patients exposés à ce gaz. Et l’impact sanitaire de la catastrophe s’est trouvé aggravé par deux facteurs. Premièrement, les enfants nés peu après la catastrophe en sont eux mêmes devenus les victimes, pour avoir été exposé au gaz mortel alors qu’ils étaient dans le ventre de leur mère ; deuxièmement, les déchets chimiques laissés sur le site de l’usine et aux alentours sont toujours là, contaminant l’eau bue par les habitants.

Tout ceci aurait pu être évité si le gouvernement avait disposé d’informations sur le produit chimique et les traitements appropriés. Mais aujourd’hui encore, le Conseil indien de la recherche médicale (Indian Council of Medical Research, ICMR) de Delhi se borne à déclarer que « l’agent précis responsable de la maladie due au gaz de Bhopal est inconnu ». Pourquoi ?

Union Carbide s’est abritée derrière les prérogatives du secret industriel pour garder secrète la composition exacte des gaz émis. Bien qu’on sache que le MIC, lorsqu’il réagit avec de l’eau à température élevée, est susceptible de libérer jusqu’à 300 produits chimiques hautement toxiques, les seules recherches effectuées ont consisté à vérifier la toxicité du MIC pur, et uniquement sur des animaux. Par conséquent, on s’est contenté de traiter les symptômes, ce qui constitue une négligence criminelle. Dans les tout premiers jours, il est apparu que les gens étaient probablement atteints d’empoisonnement au cyanure – les injections par intraveineuse de thiosulfate de sodium, un antidote connu, paraissaient efficaces sur les patients. Mais ce traitement été interrompu rapidement, sous, dit-on, la pression de l’UCC et de son équipe d’avocats.

Les problèmes sanitaires auraient pu également être mieux maîtrisés si le gouvernement avait mené des recherches médicales pour déceler les impacts à long terme du gaz. La responsabilité de ces recherches a été confiée à l’ICMR, qui a initié 24 études différentes. Certaines de ces études ont révélé une forte incidence de cancers du poumon, d’affections oculaires et de morbidité chez les victimes. Mais les études ont été sommairement abandonnées en 1994. Tous les travaux de recherche ont été laissés entre les mains du Centre de recherches pour la réhabilitation (Centre for Rehabilitation Studies) du gouvernement du Madhya Pradesh, qui n’a mené que des études sans intérêt. Pendant ce temps, certaines enquêtes indépendantes ont souligné la prégnance de graves maladies, comme des cancers, des problèmes mentaux et des malformations congénitales. Mais comme il n’existe aucune étude épidémiologique, il est facile de rejeter la responsabilité de ces maladies sur la pauvreté et le manque d’hygiène. La Cour suprême a demandé à plusieurs reprises que les dossiers des patients soient informatisés et que des recherches soit entreprises pour déterminer les effets sur la santé de cette exposition toxique.

Combat inachevé pour la réparation

En 1989, Union Carbide a versé 470 millions de dollars (soit, au cours d’alors, 750 crores de roupies. Par la suite, la roupie a été dévaluée. Avec les intérêts, cette somme représentait en 2009 un montant de 3,058.40 crores de roupies), soit un septième de la somme demandée initialement par le gouvernement indien à titre de compensation. En contrepartie, selon l’accord négocié par la Cour suprême, tous les procédures civiles et pénales intentées contre la société ont été classées sans suite. La Cour suprême a également émis des recommandations concernant les indemnités à verser aux familles des morts, estimant qu’elles devaient se monter à 1-3 lakhs de roupies, c’est à dire, selon le tribunal, au triple des indemnités versées en cas de décès ou d’accidents de voiture. En outre, les personnes entièrement ou partiellement handicapées devaient recevoir 50,000-2 lakhs de roupies, tandis que les personnes qui avaient subi des blessures temporaires devraient recevoir 25,000-1 lakhs de roupies.

Au départ, le gouvernement a estimé le nombre de morts à 3 000 et le nombre de blessés à 30 000. Par la suite, on a constaté que le nombre de personnes ayant souffert de l’exposition au gaz toxique était bien plus élevé. Ainsi, quand le jugement a été rendu, des indemnités ont été distribuées à pratiquement toute la ville de Bhopal. Quelques 573 588 personnes « affectées » par la fuite de gaz ont reçu de l’argent. Un nombre bien supérieur à celui des demandes déposées et représentant environ 70 pour cent de la population de la ville en 1980. Parmi ces personnes, 5 295 cas de décès, pour lesquels les familles des victimes n’ont obtenu que 2-3 lakhs à titre de compensation. Les 568 293 restants ont été classés parmi les blessés. Au final, après déduction des sommes payées par le gouvernement pendant six ans à titre provisoire, les indemnités ont été inférieures à 15 000 roupies par victime (205 euros au cours d’aujourd’hui, NdE).

Cela représente une somme dérisoire pour les victimes, dont les factures médicales n’ont pas arrêté d’augmenter. De nombreux décès n’ont pas été répertoriés. Néanmoins, les tribunaux et les gouvernements successifs ont continué à rejeter les demandes de réouverture des dossiers de demande de réparation. Puis, en 2010, le Groupe des ministres (GoM) sur la catastrophe de Bhopal a accepté d’augmenter les indemnités, mais seulement pour les victimes déjà répertoriées. Il a accordé une rémunération supplémentaire de 10 lakhs pour les 5 295 cas de décès et de 1-5 lakh pour les cas d’invalidité, d’insuffisance rénale et de cancer. Par contre, les montants déjà payés devaient être déduits. Les victimes qui avaient déjà perdu leurs proches et leur moyens de subsistance ont estimé que le GoM n’avait fait que remuer le couteau dans la plaie en versant une indemnité à des gens qui n’avaient pas été victimes de la catastrophe et en négligeant les victimes non répertoriées qui continuent à souffrir tous les jours de handicaps sérieux et permanents.

La catastrophe de Bhopal 2.0

La population de Bhopal souffre d’un autre problème hérité d’Union Carbide. L’usine fabriquait trois pesticides : le carbaryl (commercialisé sous la marque Sevin), l’aldicarbe (commercialisé sous la marque Temik) et un mélange de carbaryl et de gamma-hexachlorocyclohexane (HCH-g), commercialisé sous la marque Sevidol. 15 ans avant la catastrophe, elle déversait déjà dans des décharges à l’intérieur et à l’extérieur de l’usine des rejets industriels, des sous-produits, des solvants, des produits ne répondant pas aux normes et des déchets provenant de la machinerie et de l’eau polluée. 350 tonnes de déchets supplémentaires étaient stockés dans un hangar mal isolé. Ces déchets sont toujours là aujourd’hui et polluent le sol et les eaux souterraines. Cette deuxième catastrophe de Bhopal menace désormais encore plus de personnes que la première. Beaucoup de produits chimiques se dissolvent lentement et sont susceptibles de rester dans l’environnement pendant des centaines d’années. S’ils ne sont pas enlevés et si le site n’est pas décontaminé, ils vont continuer à se propager.

Le pire, c’est que le processus de nettoyage et de décontamination du site s’est enlisé dans des querelles juridiques portant sur la façon de nettoyer le site, de disposer des déchets et de déterminer qui doit payer : le gouvernement de l’État, le gouvernement central, le repreneur de l’usine Dow Chemical, les entreprises d’élimination des déchets et d’incinération, les instituts de recherche ou des organismes sans but lucratif.

Au cours des dernières années, en particulier suite à la publication d’une étude par le Centre pour la Science et l’Environnement (Centre for Science and Environment, CSE) de Delhi et le Bureau central de contrôle de la pollution (Central Pollution Control Board, CPCB), une nouvelle controverse a éclaté pour déterminer si la contamination s’était étendue ou non dans les eaux souterraines. La plupart des études ont révélé que les eaux souterraines entourant le site étaient contaminées par des benzènes chlorés et des isomères HCH. La présence de carbaryl, d’aldicarbe, de tétrachlorure de carbone et de chloroforme a également été mise en avant par certaines études. Tous ces produits sont liés aux déchets rejetés par l’usine d’Union Carbide.

Cependant, en 2010 une étude menée par deux instituts gouvernementaux clés, l’Institut national de recherche sur les techniques environnementales (National Environmental Engineering Research Institute, NEERI) et l’Institut national de recherche géophysique (National Geophysical Research Institute, NGRI) —n’a identifié aucune contamination des eaux souterraines. Ces instituts n’ont décelé que des cas isolés de contamination, qu’ils ont attribué à l’écoulement des eaux pendant la mousson annuelle. Ils en ont conclu qu’en raison de la très faible perméabilité de l’argile limoneuse noire et jaune, la circulation des contaminants dans les eaux souterraines était négligeable. Curieusement, ce type de sol n’a été trouvé que sur le site d’Union Carbide, et d’autres études ont montré une perméabilité beaucoup plus élevée dans les environs. L’implication de l’étude NEERI-NGRI est considérable. Si le site est unique et qu’il n’entraîne pas de contamination des eaux souterraines, il peut être nettoyé facilement et à un moindre coût. Si ce n’est pas le cas, les eaux souterraines devront elles aussi être décontaminées, et cela coûtera très cher.

Dès le départ, Union Carbide Corporation a rejeté l’entière responsabilité du désastre sur sa filiale indienne, faisant valoir qu’elle même n’avait rien à voir avec la catastrophe. Pas plus tard qu’en août 2014, les tribunaux américains ont encore confirmé qu’Union Carbide (et donc Dow Chemical) ne pouvait pas être tenue responsable de la gestion de sa filiale indienne. Mais une procédure judiciaire est toujours en cours. En 2004, un résident de Bhopal, Alok Pratap Singh, a déposé une plainte devant la Haute Cour du Madhya Pradesh, exigeant que Dow soit tenu responsable de la pollution. Le gouvernement indien a appuyé cette plainte en déposant une requête dans cette affaire demandant que Dow verse une somme de 100 crores de roupies à titre de garantie en vue de la restauration environnementale. Dow a mené un lobbying effréné pour obtenir du gouvernement indien qu’il retire sa demande – mobilisant le soutien de personnalités telles que l’industriel Ratan Tata, l’ancien président de la Commission de planification, Montek Singh Ahluwalia, et l’ancien ministre des Finances, P. Chidambaram.

Mais à ce jour, la Haute Cour n’a toujours pas supprimé Dow de la liste des accusés. Il est donc possible que dans cette affaire, la responsabilité de la société vienne à être établie, du moins en ce qui concerne les déchets dangereux laissés sur place. La société sera alors contrainte, au minimum, de prendre financièrement en charge la dépollution et la restauration de l’environnement. Alors peut-être, et seulement peut-être, les victimes de Bhopal pourront tourner la page. Trente ans plus tard.

Pourquoi cette tragédie ininterrompue ?

C’est parce qu’au cours des années qui ont immédiatement suivi la catastrophe, tout ce qui aurait pu arriver de pire s’est effectivement produits. Par la suite, tout ce que les habitants et les militants ont pu faire a été d’essayer de revenir sur ces défaillances initiales, sans grand succès.

De l’avis général, le système judiciaire indien a failli en acceptant une compensation dérisoire et un compromis dégageant l’entreprise de toute responsabilité civile et pénale. D’autre part, l’entreprise a tout fait pour minimiser sa responsabilité et sa complicité. Par exemple, en n’informant pas les médecins de la toxicité réelle des produits chimiques déversés ni des traitement appropriés. L’ICMR n’a pas protégé les victimes en ne menant pas à bien les recherches qui auraient permis d’établir la cause de leurs maladies et de proposer des protocoles de traitement. Si la maladie porte un nom – la maladie de Bhopal –il n’existe par contre aucun décompte de malades ni aucune information sur les traitements qu’ils ont suivi. Cela permet au gouvernement indien de continuer à affirmer qu’il n’y a eu que 5 295 morts (sur le coup, aucun plus tard) et 6 199 handicapés à vie du fait de la catastrophe, sans tenir compte des victimes qui ont suivi. À cause du manque de suivi médical antérieur, il refuse d’admettre que la catastrophe a été bien plus énorme, et que la mort et l’invalidité ont frappé chaque foyer dans les localités proches de l’usine. Le gouvernement a porté le coup de grâce en repartissant le montant de la compensation entre tellement de monde qu’il n’a pas été possible de déterminer qui étaient les vraies victimes.

Mais il y a d’autres raisons à cet échec. Tout d’abord, trop d’institutions ont été impliquées sans qu’aucune ait vraiment intérêt à régler le problème. En ce qui concerne l’aide médicale, tout a été prévu, sur le papier, pour garantir que les gens obtiennent le meilleur traitement en temps voulu. Un hôpital super-spécialisé a été mis en place. Les traitements ont été assurés gratuitement. La Cour suprême a même mis en place deux comités, l’un pour surveiller le fonctionnement du système médical et l’autre pour donner des conseils sur les mesures à prendre pour que les victimes bénéficient des meilleurs soins. Le gouvernement de l’État dispose d’un département spécialisé pour secourir les victimes du gaz, sous la responsabilité d’un ministre d’État. Au niveau même du gouvernement central, le Ministère des Produits chimiques et des Engrais a une claire responsabilité en ce qui concerne la supervision des opérations. Mais, en réalité, les soins médicaux sont catastrophiques. Les victimes continuent à dire qu’elles ne disposent même pas d’eau potable.

Prenons le problème de la décontamination. L’affaire a été entendue par la Cour suprême et la Haute Cour du Madhya Pradesh, qui sont régulièrement amenées à ses prononcer sur ce genre de questions. Il y a aussi un groupe de travail, coordonné par le secrétariat du Département de chimie et de pétrochimie du gouvernement central, sur l’élimination des déchets toxiques de l’usine. Un comité de surveillance est chargé de superviser et coordonner les activités relatives à l’élimination des déchets, à la décontamination et à la dépollution, sous la présidence du Ministre de l’Environnement. Au bas de l’échelle, les commissions fédérales et d’État de contrôle de la pollution sont censées surveiller le site et fournir un soutien technique aux travaux de décontamination. La confusion institutionnelle est telle qu’aucune institution ne peut être tenue responsable de la décontamination du site.

D’autre part, au fil du temps, la plupart des habitants de la ville se sont éloignés du lieu de la catastrophe ou ont cherché à l’oublier. Les groupes civiques qui sont restés, motivés par l’injustice et le manque d’action, s’activent sans relâche. Mais la méfiance entre le gouvernement et les militants de Bhopal est si grande que toutes les actions proposées sont immédiatement entravées, principalement à travers des recours en justice. Dans la mesure où l’intérêt des médias nationaux et internationaux reste très fort, accusations et contre-accusations sont exploitées et relayées à la télévision et dans les journaux. Du coup, toutes les décisions sont laissées aux tribunaux. L’État et les agences nationales se sont mis en retrait.

Après que la décision de 1989 ait réécrit l’histoire de la jurisprudence en libérant Union Carbide de toute mise en cause de sa responsabilité juridique en tant qu’entreprise, les tribunaux ont donné des directives sur les mesures de secours et de reconstruction. Mais dans un contexte aussi polarisé, leurs directives n’ont abouti à rien - notamment faute de clarté sur ce qui doit être fait, et sur ce qui peut être fait compte tenu des déficiences originelles.

Ce qui ressort de tout cela est que les institutions indiennes sont incapables de résoudre leurs conflits. Mais les militants et activistes doivent eux aussi tirer les leçons de cet échec. La lutte ne doit en aucun cas devenir une fin en soi, sinon les problèmes demeureront sans issue.

Sunita Narain et Chandra Bhushan

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Photo : Giles Clarke et Bhopal Medical Appeal CC / Bhopal Medical Appeal CC

Boîte Noire

Cet article est un extrait de l’ouvrage « Bhopal Gas Tragedy, After 30 Years » publié par le Centre for Science and Environment en décembre 2014. Extrait publié initialement par le magazine du CSE, Down to Earth. Cet article est publié dans le cadre d’un partenariat avec Ritimo (Réseau d’information et de documentation sur la solidarité internationale et le développement durable) et son réseau de traducteurs bénévoles. Traduction : Françoise Vella.

Lire les deuxième et troisième partie de cet article :
 Des dizaines de Bhopal en puissance à travers l’Inde
 La question de la responsabilité doit être tranchée

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