09.02.2016 • Médicament

De Sanofi à Servier, l’industrie pharmaceutique française supprime des centaines d’emplois

En ce début d’année 2016, des réductions d’effectifs sont annoncées dans tout le secteur pharmaceutique français. Ces suppressions d’emploi ne s’expliquent pas par une mauvaise santé financière de ces firmes. Le cas de Sanofi est devenu emblématique de la dissociation croissante entre le sort réservé aux actionnaires d’un côté, aux salariés de l’autre.

Publié le 9 février 2016

Libération fait le point sur la situation chez Sanofi :

Le géant pharmaceutique français a confirmé ce mardi qu’il comptait supprimer « environ 600 postes sur les trois prochaines années » dans le cadre d’un « projet d’évolution de son organisation » visant à préserver sa « compétitivité ». La CGT parle, elle, de plus d’un millier de suppressions de postes au total, en intégrant les postes actuellement non pourvus qui ne seront pas remplacés. (...) Le groupe insiste sur le fait qu’il privilégiera les « congés de fin carrière », autrement dit des départs en préretraite qui seront « entièrement financés » sur les fonds de l’entreprise et non par la collectivité.

Encore heureux, dit la CGT qui rappelle que Sanofi pèse plus de 35 milliards d’euros de chiffre d’affaires, « a réalisé 7 milliards d’euros de bénéfices et a versé 3,8 milliards de dividendes à ses actionnaires en 2015 ». Sans parler du fait qu’en 2014, l’entreprise a touché 17 millions d’euros d’aides de l’État au titre du CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) - qui était censé favoriser des embauches et non des suppressions de postes - et 125 millions de mieux au titre du crédit impôt recherche… Pour le délégué central CGT de Sanofi Thierry Bodin qui n’a pas oublié que le groupe a déjà supprimé plus de 5 000 postes en France depuis 2008, il s’agit clairement d’une nouvelle vague de « licenciements boursiers » organisée par un groupe dont les dirigeants « pratiquent une stratégie axée sur la seule rémunération des actionnaires ».

Lire l’intégralité de l’article sur le site de Libération

Même situation chez Servier, qui a annoncé fin 2015 la suppression de plus de 600 postes de visiteurs médicaux... bien que le groupe ait réalisé des bénéfices annuels de 352 millions d’euros et lui aussi touché des aides publiques censées lui permettre de préserver l’emploi.

Salariés en première ligne

Ces suppressions d’emploi témoignent aussi à leur manière de la mutation du secteur du médicament, et des diverses formes de remise en cause du modus operandi des géants pharmaceutiques et de leurs profits. Mais les rapports de force font que ce sont d’abord les salariés qui subissent les conséquences de ces pressions, comme le rappelle Mediapart :

Les visiteurs médicaux sont lucides, ils savent que leur métier est sur la sellette. Le scandale du Mediator a durablement entaché la marque Servier et fragilisé l’ensemble de la profession, accusée de pousser les médecins à des prescriptions hasardeuses. Les visiteurs médicaux souffrent également du ralentissement de l’innovation dans l’industrie pharmaceutique. Mais la pilule est néanmoins dure à avaler. Chez Servier, 610 postes (657 selon les syndicats) vont être supprimés, avec peu d’espoirs de reclassement en interne. Près de 80 % de ces salariés sont des femmes. Le projet de réorientation stratégique du laboratoire vers l’oncologie, et donc le milieu hospitalier, ne convainc personne, car il n’offre de perspectives que pour une quarantaine d’employés. « 23 nouvelles molécules sont dans les tuyaux, dont neuf en oncologie », explique la direction. « Mais ces nouveaux produits ne nécessiteront pas de visiteurs médicaux comme actuellement », concède Servier qui peste aussi contre « l’environnement du médicament » en France, responsable selon lui de la chute du chiffre d’affaires de 15 % dans l’Hexagone. Le laboratoire ne résisterait pas au « déremboursement », aux « baisses de prix imposées » par le gouvernement, ni aux « retards dans l’obtention d’AMM », soit l’autorisation de mise sur le marché, qui permet à un médicament d’entamer son parcours commercial.

Lire l’intégralité de l’article sur le site de Mediapart (abonnement).

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Photo : Metronews Toulouse CC

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