15.06.2016 • Europe

Engie embarquée dans le très contesté projet de gazoduc Nord Stream 2, entre la Russie et l’Allemagne

Aux côtés d’autres entreprises européennes comme Shell et, surtout, de la firme russe Gazprom, Engie est partie prenante d’un projet de gazoduc géant reliant la Russie à l’Allemagne à travers la Baltique : Nord Stream 2. Celui-ci est extrêmement contesté à la fois pour des raisons environnementales et pour des raisons géopolitiques. Mais les promoteurs de Nord Stream 2 ont su se ménager de puissants alliés, comme l’ex chancelier allemand Gerhard Schröder.

Publié le 15 juin 2016

Le chantier du projet Nord Stream 2 pourrait commencer dans les prochains mois, pour une mise en service en 2020. Il viendrait s’ajouter à un premier gazoduc déjà existant, Nord Stream 1. Reliant directement la Russie à l’Allemagne à travers la mer Baltique, il contourne les pays de l’Est et exposerait ces derniers à la menace d’une coupure d’approvisionnement en gaz russe qui n’affecterait pas les pays situés plus à l’Ouest.

Le site EUObserver fait le point sur ce projet très politique :

Les firmes impliquées dans la construction de Nord Stream 2 sont les allemandes BASF et E.ON, Engie (France), OMV (Autriche) et Shell (anglo-néerlandais), aux côtés de Gazprom, le champion russe de l’énergie, qui détient une part majoritaire.

Le projet est inhabituel sous plusieurs aspects. Il risque d’être bloqué par les sanctions, par la législation européenne ou par le rapport de forces politique. Il lie également des grandes entreprises européennes à un partenaire, Gazprom, contrôlé par les services de sécurité russes, et qui perd de l’argent à un rythme rapide.

Lire l’intégralité de l’article sur le site de EU Observer (en anglais).

Pour lever les obstacles, les parties prenantes de Nord Stream 2 ont engagé une vaste offensive de lobbying, qui s’ajoute à l’action diplomatique offensive de la Russie elle-même :

Selon le registre de la Commission européenne à Bruxelles, les firmes impliquées dans Nord Stream 2 emploient au moins quatre grandes firmes de relations publiques - Brunswick, Edelman, Fleishman-Hillard et G-Plus. Jens Mueller, chargé des relations publiques pour Nord Stream 2 en Suisse - le consortium est basé dans le canton de Zug - déclare que les employés directs de Nord Stream 2 font le déplacement de Zug à la capitale européenne en moyenne quatre jours pas mois pour parler à la presse et aux fonctionnaires européens.

Les archives de la Commission montrent que les firmes impliquées dans le consortium Nord Stream 2 ont obtenu 62 rendez-vous avec les deux commissaires en charge de l’énergie, Sefcovic and Augustin Cañete, avec le président de la Commission Jean-Claude Juncker ou avec leur cabinet.

Certaines de ces discussions se sont tenues au plus haut niveau. Matthias Warnig, directeur exécutif du consortium Nord Stream 2 et proche du leader russe Vladimir Poutine, a rencontré Cañete en avril. Étienne Davignon, conseiller du patron d’Engie et ancien commissaire européen, a rencontré Juncker ou son bras droit quatre fois l’année passée.

D’un point de vue purement économique, la baisse de la demande de gaz en Europe crée des doutes sur la viabilité du projet. Nord Stream 2 participe à sa manière des efforts de l’industrie pétrolière et gazière pour imposer le gaz en Europe comme solution privilégiée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, au détriment d’une transition énergétique plus ambitieuse (lire à ce sujet notre enquête en deux parties : De la mer Caspienne à la Méditerranée, un projet de gazoduc géant symbolise les reniements de l’Europe et Comment la Commission et les industriels voudraient imposer le gaz (de schiste) aux Européens). Les soutiens de Nord Stream 2 accusent quant à eux les critiques du projet d’être inspirées par les États-Unis, qui préféreraient que l’Europe importe leur gaz de schiste plutôt que de continuer à s’approvisionner auprès de la Russie...

OP

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