21.01.2014 • Beauté toxique

Inde : du mercure et des métaux lourds dans les cosmétiques de L’Oréal et Unilever ?

Selon une organisation environnementaliste, les cosmétiques commercialisés en Inde par des multinationales comme L’Oréal ou Unilever et par des firmes nationales contiendraient des taux parfois élevés de substances toxiques comme le mercure, le nickel ou le chrome. Le Centre for Science and Environnement, basé à Delhi, a fait analyser des échantillons de plusieurs dizaines de produits de beauté de marque. Il dénonce un contournement cynique des standards sanitaires en vigueur.

Publié le 21 janvier 2014 , par Olivier Petitjean

L’ensemble des résultats des analyses et des explications très complètes du Centre for Science and Environnement (CSE) et les commentaires de l’organisation sont accessibles ici (en anglais).

Selon le CSE, plusieurs rouges à lèvres commercialisés par le groupe L’Oréal sous diverses marques (YSL, The Body Shop, Maybelline/Gemey...) contiennent du nickel et du chrome, parfois à des taux élevés (L’Absolu nu de Lancôme). Mais les allégations ne semblent épargner aucun de ses concurrents. La présence de produits toxiques concerne aussi bien les produits commercialisés par les multinationales du secteur (L’Oréal, Procter & Gamble, Unilever...) que par des groupes indiens ou asiatiques.

Concernant les crèmes de blanchiment de la peau, le Center for Science and Environment a retrouvé des traces de mercure dans, notamment, L’Oréal Pearl Effect, Garnier Men Power Light (groupe L’Oréal), Olay Natural White (Procter & Gamble), Fair & Lovely (Unilever) et, à un taux très élevé, dans Ponds White Beauty (Unilever). Au total, 44% des crèmes de blanchiment contenaient du mercure. 50% des rouges à lèvres testés contenaient du chrome et 43% du nickel.

La législation indienne prohibe théoriquement l’usage du mercure dans les cosmétiques, et impose des limites strictes à la présence de produits comme le chrome. Mais, selon le directeur adjoint du CSE Chandra Bhushan, en Inde, « les standards restent faibles, ce qui explique que les entreprises contournent les règles. Et il n’y a pas d’effort pour appliquer ces standards » [1]. En Inde, le secteur des cosmétiques connaît un véritable boom depuis plusieurs années.

Les firmes incriminées ont nié la validité scientifique des résultats annoncés par le CSE. Un porte-parole de Lancôme (groupe L’Oréal) a déclaré : « Nous n’utilisons pas de métaux lourds comme ingrédients de nos produits et nous respectons entièrement la régulation indienne et internationale en matière de cosmétiques. » Auparavant, le CSE avait contacté toutes les entreprises concernées, et L’Oréal avait refusé de répondre. Sa filiale The Body Shop avait répondu de son côté en incriminant des traces de métaux lourds naturellement présentes dans l’environnement.

Ainsi que le rappelle le CSE, des tests similaires réalisés aux États-Unis ont également révélé la présence massive de métaux lourds et de produits toxiques dans les cosmétiques commercialisés dans le pays.

OP

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Photos : Chinky Shukla / Down to Earth

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Notes

[1Source : ici.

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