11.04.2018 • Concurrence

Le cartel du matériel électrique

Une nouvelle affaire d’entente sur les prix met en lumière les dérives du capitalisme d’oligopoles qui se cache souvent derrière les discours ressassés sur les vertus de la « concurrence ». Révélations qui concernent le secteur mal connu du matériel électrique, dominé par des multinationales françaises comme Schneider Electric et Legrand.

Publié le 11 avril 2018

C’est un secret qui donne des sueurs froides à quatre multinationales françaises. Une technique qui permet aux géants du matériel électrique (Schneider, Legrand, Rexel et Sonepar) de tirer les prix vers le haut en limitant la concurrence. Un système si malsain qu’un de ses membres l’a dévoyé pour arnaquer ses fournisseurs, sans qu’ils ne réagissent. (...) Grâce à des documents confidentiels, Mediapart est en mesure de révéler l’existence et les coulisses de ce système, dont les victimes sont les acheteurs de matériel électrique : entreprises, administrations, sans oublier les millions de Français qui ont acquis un logement neuf, fait refaire l’électricité chez eux, ou tout simplement acheté un interrupteur ou un disjoncteur dans un magasin de bricolage. Les enjeux financiers sont considérables, puisque le marché pèse 6 milliards d’euros par an rien qu’en France.

Si cet arrangement est né dans l’Hexagone, c’est sans doute parce que le terrain y était favorable. Outre le mastodonte Schneider Electric, deuxième fabricant mondial (25 milliards de chiffre d’affaires), et son concurrent Legrand (5,5 milliards), la France abrite aussi leurs principaux clients, qui sont les deux plus gros distributeurs mondiaux : Sonepar (21 milliards) et son challenger Rexel (13 milliards). Il n’est pas étonnant que ces poids lourds considèrent la France comme leur pré carré.

La combine permet aux deux fabricants de contrôler les tarifs finaux pratiqués par les distributeurs. Dans un document confidentiel, Schneider avoue que ce modèle est « à bout de souffle » et qu’il faut « redonner l’autonomie pricing à nos distributeurs ». C’est l’aveu que le second fabricant mondial contrôle les prix à leur place.

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Ce type d’entente sur les prix est a priori contraire au droit de la concurrence, sauf s’il peut être démontré qu’il bénéficie aux consommateurs (ce qui est la ligne de défense de Rexel, tandis que Schneider Electric a « fermement » rejeté les « allégations » de Mediapart). Le distributeur Sonepar, quant à lui, semble avoir cherché à tirer encore davantage son épingle du jeu de ce système en surfacturant ses fournisseurs sur la base de ventes fictives.

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Photo : Angie Trenz CC via flickr

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