22.11.2013 • Inégalités salariales

Les Suisses appelés à se prononcer sur une limitation drastique de la rémunération des patrons

Les Suisses doivent se prononcer le 24 novembre dans le cadre d’un référendum sur la limitation des écarts de salaires au sein de leurs grandes entreprises (Novartis, Roche, Nestlé, Glencore Xstrata, UBS...) à un facteur maximal de 1 à 12. Les milieux économiques, le gouvernement suisse et la presse mènent une campagne virulente pour empêcher un vote favorable.

Publié le 22 novembre 2013 , par Olivier Petitjean

L’initiative du référendum revient à JUSO, mouvement des jeunes socialistes, qui a réuni les 100 000 signatures nécessaires à son organisation. Intitulée « Initiative 1:12 pour des salaires équitables », il s’agit de restreindre drastiquement l’écart entre les plus hauts et les plus bas salaires au sein d’une même entreprise. Actuellement, cet écart serait de 1 à 236 chez Roche et de 1 à 188 chez Nestlé.

Comme le note le Guardian, les milieux d’affaire suisses, avec le soutien unanime de la presse, se sont lancés dans une grande campagne pour le Non, en dénonçant une tentative de "prise de pouvoir" de Berne au détriment des cantons. Ils ont aussi menacé le pays d’une fuite des grandes entreprises, néfaste pour l’économie nationale. Les entreprises suisses auraient versé des millions pour financer la campagne du Non (lire ici). Selon Le Monde, des circulaires internes auraient circulé au sein de groupes comme Nestlé ou Novartis appelant les employés à voter Non.

Comme le montre l’enquête réalisée à ce sujet par l’Observatoire des multinationales et Basta !, l’écart entre salaire moyen et salaire le plus élevé au sein des grands groupes français va de 1 à 15 (Iliad) à 1 à 264 (Publicis). La limitation de la rémunération des dirigeants d’entreprises publiques, décidée par le gouvernement Hollande, se base sur un écart maximal de 1 à 20.

L’initiative suisse va beaucoup plus loin, puisqu’elle propose un écart de 1 à 12 entre le salaire le plus élevé et le plus bas de l’entreprise. Comme le rappelle encore le Guardian, la Suisse a connu ces derniers mois toute une série d’initiatives destinées à limiter les inégalités salariales et à introduire un peu de contrôle sur les comportements de leurs entreprises. D’autres référendums sont prévus sur l’instauration d’un salaire minimum, la taxation des étrangers fortunés et celle des héritages.

Les sondages suggèrent un résultat serré, mais désormais plutôt en faveur du Non. Les optimistes notent qu’une campagne similaire avait été orchestrée contre un premier référendum, début 2013, visant à doter les actionnaires de davantage de pouvoir sur la rémunération des dirigeants d’entreprises. En vain, puisque 68% des votants avaient approuvé la mesure.

Lire aussi la note récente de Gaël Giraud et Cécile Renouard pour la Fondation Nicolas Hulot, qui soutient le principe du 1/12 et justifie son application en France.

OP

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