10.12.2013 • Bataille médiatique

Les entreprises plus efficaces que les syndicats pour mettre en scène la parole des salariés ?

Dans la guerre de l’image qui les oppose en France et ailleurs aux syndicats, les entreprises semblent avoir pris une longueur d’avance, comme l’a montré le débat sur le travail dominical. Leurs outils : séances de media training et réseaux sociaux face auxquels piquets de grève et manifestations paraissent dépassés. Reportage signé M, le magazine du Monde.

Publié le 10 décembre 2013

(...) Jours de grève payés, accès gratuit aux rayons des magasins pour confectionner panneaux et banderoles, autorisation d’installer des "stands à pétition" : chez Castorama comme chez Leroy-Merlin, le patronat n’a reculé devant aucune générosité pour soutenir les Bricoleurs du dimanche, le collectif regroupant les salariés favorables à l’ouverture dominicale. Allant même jusqu’à recruter une agence d’"architectes en communication", Les Ateliers Corporate, aux côtés des salariés depuis dix mois pour les aider à trouver un nom et un slogan, à monter des actions et à gagner l’intérêt et la sympathie de l’opinion publique (production de vidéos, pétitions en ligne, mise en place de comptes Twitter et Facebook...). Le porte-parole du collectif, Gérald Fillon, a quant à lui reçu une rapide formation pour apprendre à s’exprimer devant les caméras de télévision. Le tout financé par les deux directions, évidemment. (...)

Une mise en scène de la colère dépassée ?

Devant les caméras, les syndicats ont longtemps su comment frapper les esprits : blocus, séquestrations, occupations à grand renfort d’images cinématographiques, des banderoles colorées aux fumigènes. Autre atout : la mise en avant d’un leader fort, une grande et souvent belle gueule capable d’incarner une lutte - à l’image d’Edouard Martin à Florange - que les plateaux télé s’arrachent, face à une direction qui préfère rester dans l’ombre.

Mais cette mise en scène de la colère, longtemps efficace, ne suffit plus. Prisonniers de leurs anciennes méthodes - piquets de grève, manifestations -, les syndicats sont aujourd’hui dépassés. Communication ? Pendant longtemps, le mot était presque banni de leur vocabulaire. "Depuis quelques années, il y a eu une grosse évolution sur la terminologie : on ne parle plus de propagande", sourit Mohammed Oussedik. Empêtrées dans des structures pyramidales, les confédérations ont souvent du mal à avoir des stratégies cohérentes, les objectifs des sections locales ne coïncidant pas forcément avec les priorités confédérales.

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Photo : Force ouvrière cc by-nc

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