18.05.2015 • Modèle économique

Les rémunérations des patrons du CAC40 en hausse de 10%, mais de plus en plus contestées

+10,1% par rapport à 2013. C’est l’augmentation de la rémunération globale des grands patrons français sur un an. Leurs salaires et autres avantages représentent désormais une somme de 153 millions d’euros. Ils sont aussi de plus en plus contestés, y compris par certains actionnaires. Si le cas de Sanofi a particulièrement retenu l’attention, avec un parachute doré pour son patron sortant et un cadeau de bienvenue pour son successeur qui coûteront plusieurs millions à l’entreprise pharmaceutique, plusieurs autres groupes français sont touchées par la grogne. Le say on pay, droit de regard des actionnaires sur la rémunération des dirigeants d’entreprises, est-il une réponse suffisante ?

Publié le 18 mai 2015

Une alliance improbable entre les salariés et les actionnaires de Sanofi ? C’est ainsi que Le Monde relate le débat autour de la rémunération des directeurs généraux de Sanofi lors de l’Assemblée générale de l’entreprise, le 4 mai dernier :

Dès l’entrée, le ton était donné, lundi 4 mai en début d’après-midi, à l’assemblée générale des actionnaires de Sanofi : un salarié, syndiqué à la CGT, arborait des petites affichettes sur lesquelles était écrit : « Bye, 4,5 M € » et « Hello, 4 M € ». Deux petites phrases qui font référence au chèque de départ de Christopher Viehbacher, l’ex-directeur général du groupe pharmaceutique, remercié en début d’année, et au chèque d’arrivée (« golden hello ») d’Olivier Brandicourt, son remplaçant, nommé mi-février et arrivé début avril.

Les salariés de Sanofi n’étaient pas les seuls à être « remontés » contre ces indemnités. Le groupe de conseil aux actionnaires ISS les conteste lui aussi et avait invité à voter contre. ISS n’a pas été totalement suivi par les actionnaires, mais ceux-ci ont malgré tout montré leur irritation en adoptant la rémunération de M. Viehbacher à 61 % (avec quelques « ouh » de mécontentement dans la salle lors de l’annonce du résultat) et le « package » de M Brandicourt à 64 %.

Les actionnaires se rebiffent

Selon le quotidien français, qui note qu’« en AG, une résolution qui obtient moins de 80 % des voix est considérée comme contestée, compte tenu de la structure du capital et du taux de participation », il s’agit d’une tendance générale cette année pour les grandes entreprises françaises :

Il faut dire que, depuis l’an dernier, le sujet est désormais soumis à un vote lors des assemblées générales − il s’agit de ce que l’on appelle le « say on pay ». Ce vote n’est toutefois que consultatif. Il n’oblige en rien les entreprises.

La semaine dernière, deux dirigeants, et pas des moindres, ont ainsi subi un sérieux revers. Le package de Franck Riboud, chez Danone (6,075 millions d’euros), n’a emporté l’adhésion que de 53 % des actionnaires, c’est le plus mauvais score jusqu’ici.

Celui de Carlos Ghosn, chez Renault (7,2 millions), qui a triplé en un an, n’a pour sa part rassemblé que 58 % des scrutins. Avant Renault et Danone, les actionnaires avaient également manifesté leur agacement chez Vinci (63 %), Veolia (70,8 %), Safran (66,8 %) ou Schneider Electric (71,9 %).

Lire l’intégralité de l’article sur le site du Monde

Quelle politique de rémunération juste ?

Il y a quelques semaines, La Tribune et Facta avaient publié une analyse de la rémunération des dirigeants du CAC40 en 2014. La hausse moyenne de 10% des rémunérations globales des patrons français s’explique principalement par « l’augmentation des attributions d’actions et d’options ». Les patrons de L’Oréal, Danone, Sanofi, Gemalto, Renault et LVMH sont les mieux lotis, avec plus de 6 millions d’euros de rémunération globale en 2014.

Toujours cette analyse, le rapport entre niveau de rémunération d’un patron et performance boursière d’une entreprise est « ténu ».

Si même d’un point de vue purement financier, ces rémunérations sont de moins en moins acceptables, que faudrait-il en dire au regard des inégalités de traitement au sein même des entreprises et de l’absence de prise en compte de l’ensemble des coûts sociaux de l’activité des grands groupes ?

Une enquête de l’émission Cash Investigation diffusée à la télévision française début mars avait ainsi mis directement en relation l’indemnité de départ de Chris Viehbacher, le directeur général sortant de Sanofi, et le nombre d’emplois supprimés en France durant sa période à la tête de l’entreprise.

Olivier Petitjean

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Photo : Metronews Toulouse CC

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