06.11.2013 • États-Unis

Militants anti-privatisation et pro-palestiniens contraignent Veolia à renoncer à un contrat à Saint-Louis

Depuis plusieurs mois, Veolia paraissait sur le point de signer un contrat avec la ville de Saint-Louis, aux États-Unis, qui lui ouvrait grand les portes d’une future délégation du service de l’eau de la ville. Mais le géant français de l’eau s’est retrouvé confronté à une coalition hétéroclite d’organisations de solidarité avec la Palestine, d’écologistes et de militants anti-privatisation. Au bout de plusieurs mois de campagne acharnée, il vient d’annoncer qu’il renonçait au contrat.

Publié le 6 novembre 2013

Texte : La campagne a été menée par la Dump Veolia Coalition (Coalition « Laissez tomber Veolia »), qui regroupe aussi bien des organisations de solidarité avec la Palestine que des environnementalistes et des organisations anti-privatisation ou de défense des droits des minorités.

Elle s’inscrit dans le cadre de la campagne BDS (« boycott désinvestissement sanctions »), dont Veolia est une des cibles privilégiées du fait de son implication dans le secteur du transport et des déchets au service des colonies israéliennes illégales. Plusieurs contrats de la firme française dans le secteur des transports urbains sont l’objet de fortes campagnes de contestation, notamment en Californie.

En l’occurrence, les réseaux de solidarité avec la cause palestinienne ont su trouver des alliés du côté des militants anti-privatisation et des écologistes. Ces derniers reprochent à Veolia une série de déversements d’eaux usées non traitées là où l’entreprise avait des contrats.

A Saint-Louis, il s’agissait d’un contrat de consultance d’un montant deseulement 250 000 dollars sur un an, par lequel Veolia devait contribuer à améliorer l’« efficience » du service de l’eau de Saint-Louis (320 000 habitants). Mais de nombreux observateurs craignaient que ce ne soit que le premier pas vers une privatisation. Le projet de contrat prévoyait notamment de donner à l’agence de l’eau un pouvoir discrétionnaire quant à son éventuelle reconduite. Il exemptait également Veolia des lois locales sur la transparence administrative.

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Le cas de Saint-Louis n’est pas isolé. Le groupe français a passé des contrats similaires avec plusieurs villes américaines, comme Pittsburgh. Malgré la crise des finances publiques dans les administrations locales américaines [1], le groupe français a cependant toujours autant de mal à faire passer la pilule de la privatisation pure et simple.

Le contrat entre Veolia et Saint-Louis était en discussion depuis presque trois ans. Il a rencontré une vigoureuse opposition politique. Constatant qu’une majorité de conseillers se prononçait contre le contrat avec Veolia, le maire de Saint-Louis avait essayé de passer en force en prétendant qu’ils avaient approuvé ce contrat, de fait, en votant le budget annuel. En vain. Le bureau du maire a fini par annoncer que la firme française se retirait d’elle-même de ce contrat.

OP

Notes

[1Dans certains cas, Veolia, comme son concurrent Suez, ont réussi à obtenir des contrats dans des villes moyennes en s’alliant à des fonds d’investissement spécialisés dans le rachat des infrastructures de villes en difficulté. Lire ici et ici.

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