09.04.2014 • Éthique

Perenco étend son exploitation pétrolière en Amazonie péruvienne

Sous la pression d’investisseurs éthiques, l’entreprise pétrolière Repsol a décidé de se retirer d’une concession pétrolière en Amazonie péruvienne, le « lot 39 ». En cause ? La présence de peuples indigènes en isolement volontaire. Le repreneur moins scrupuleux du lot 39 n’est autre que la firme franco-britannique Perenco, déjà très présente dans la région. En décembre dernier, elle a commencé à extraire du pétrole de la concession voisine, le « lot 67 ». Quelques jours plus tard, les communautés locales subissaient leur première fuite de brut.

Publié le 9 avril 2014 , par Simon Gouin

De nouvelles réserves à exploiter, malgré la présence d’indiens en isolement volontaire ? Perenco, l’entreprise pétrolière franco-britannique, serait sur le point d’acquérir 55% des parts d’une nouvelle concession, dans le nord du Pérou. Probablement une des réserves en pétrole les plus importantes du pays, le « lot 39 » représente 700 000 hectares de forêt tropicale. Un lieu où vivraient des indiens en isolement volontaire - ces populations autochtones qui préfèrent ne pas entrer en contact avec le monde extérieur « civilisé ».

Jusqu’à maintenant, c’est la société espagnole Repsol qui dirigeait les opérations. Mais cette dernière a décidé de se retirer du projet, certainement sous la pression du Ministère norvégien des Finances ! La Norvège est en effet actionnaire de l’entreprise espagnole. En 2010, après la réalisation d’une étude, le conseil d’éthique du Ministère des Finances a recommandé le retrait des fonds engagés auprès de Repsol. En cause : la violation des droits de l’homme des Indiens vivant dans cette région.

Une fuite de pétrole reconnue un mois plus tard

Perenco, elle, ne semble pas gênée par ces Indiens en isolement volontaire. Elle affirme d’ailleurs ne pas avoir d’indices confirmant leur présence, tout en éditant un cahier de consignes en cas de rencontres fortuites (Lire notre enquête). Par cette acquisition, Perenco renforcerait sa présence dans la région. En décembre dernier, elle a extrait le premier baril de pétrole de son exploitation du « lot 67 », à côté de la nouvelle concession. Une inauguration à laquelle a assisté Ollanta Humala, président du Pérou, qui a salué « la très bonne relation que Perenco entretient avec les communautés » et le début d’une « nouvelle ère pour le développement de l’Amazonie » grâce aux soucis sociaux et environnementaux portés par l’entreprise.

Pas sûr que les indiens touchés par la première fuite de pétrole de l’entreprise soient du même avis. Le 5 décembre 2013, environ 230 litres de pétrole ont été déversés dans une communauté où la société opère. Les villageois seraient intervenus assez rapidement pour éviter les dégâts environnementaux. Mais ce n’est qu’un mois après que Perenco a reconnu la fuite. De quoi faire douter des paroles du président péruvien !

Des critiques s’élèvent également en Amazonie colombienne contre l’entreprise franco-britannique. Dans la région de Casanare, des milliers d’animaux ont été retrouvés morts, sous l’effet d’une forte sécheresse (voir des images ici et ici). D’après les communautés locales, la pollution engendrée par l’exploitation pétrolière de Perenco en serait aussi à l’origine. Selon elles, les techniques de fracturation de la société provoqueraient également l’assèchement des ruisseaux... ce qui accroîtrait les effets de la sécheresse !

Simon Gouin

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Photo : La Republica.pe.

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