23.02.2017 • États-Unis

Standing Rock : le soutien sans failles des banques françaises à l’oléoduc imposé aux Sioux par l’administration Trump

Les forces de l’ordre ont procédé à l’évacuation du camp des Sioux et de leurs alliés qui s’opposaient encore à la construction de l’oléoduc Dakota Access. Bloqué par l’administration Obama, relancé par Donald Trump à son arrivée, cet oléoduc bénéficie du soutien financier de plusieurs grandes banques françaises. Celles-ci ont même débloqué des fonds supplémentaires à l’arrivée du nouveau locataire de la Maison blanche.

Publié le 23 février 2017 , par Olivier Petitjean

Dans la journée du mercredi 22 février, le principal campement des opposants à l’oléoduc Dakota Access a été évacué. La plupart des militants ont quitté le camp volontairement, cédant à l’ultimatum des autorités. Ceux qui avaient choisi de rester malgré tout ont été arrêtés. Des incidents ont émaillé ces dernières heures. Selon le compte-rendu du Guardian, deux mineurs auraient été victimes de brûlures graves suite à une explosion inexpliquée dans un tipi du camp.

L’oléoduc Dakota Access doit amener, sur plusieurs centaines de kilomètres, le pétrole de schiste extrait dans le Dakota du Nord vers l’Est des États-Unis. Une portion de cette infrastructure devait traverser, au niveau de la rivière Missouri, des terres ancestrales des Sioux, menaçant leurs sources d’eau potable. Après des mois de manifestations et d’occupation des terrains par où devait passer l’oléoduc, l’administration Obama avait fini par bloquer le chantier en demandant l’étude d’un tracé alternatif. Dès son arrivée à la Maison blanche, Donald Trump a cassé cette décision et ordonné une reprise rapide des travaux. Le nouveau président possède des actions dans Energy Transfer Partners (ETP), l’entreprise qui construit l’oléoduc, et compte parmi ses plus proches alliés un magnat du pétrole de schiste (lire notre article).

La lutte se poursuit sur le terrain juridique, les Sioux ayant déposé un recours contre le décret de Donald Trump. Une autre bataille tout aussi importante se déroule au niveau des banques, appelées par les militants à ne plus financer le projet et à rompre leurs liens avec Energy Transfer Partners. Les pétitions en ce sens ont reçu plus de 700 000 signatures. Sont concernées non seulement des banques américaines comme Wells Fargo, mais aussi des banques européennes, y compris BNP Paribas, Société générale, Natixis et le Crédit agricole. « La banque néerlandaise ABN Amro a annoncé le 2 février qu’elle arrêterait toute relation avec Energy Transfer Equity, la maison mère d’ETP, la principale entreprise derrière le projet, et la banque suédoise Nordea a carrément exclu les trois principales entreprises du projet, souligne Lucie Pinson, de l’association environnementaliste Amis de la Terre. Malheureusement, jusqu’à présent, les banques françaises n’ont pris aucun engagement similaire, et Natixis et Crédit Agricole ont même récemment refinancé ETP. » Les grandes banques françaises avaient répondu à ces interpellations en indiquant qu’elles attendaient les résultats d’une expertise sur le projet et la consultation des populations impactées pour se prononcer.

En attendant, les affaires continuent. Selon les données collectées par les Amis de la Terre et l’organisation spécialisée Banktrack, Natixis et le Crédit agricole ont débloqué au mois de janvier, au moment même de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, des financements de 72 et 35 millions de dollars respectivement au profit d’Energy Transfer Partners. Aux côtés de BNP Paribas, elles auraient encore participé à un prêt pour la même entreprise de 2,2 milliards de dollars au début du mois de février.

Olivier Petitjean

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Photo : Dark Sevier CC

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