22.11.2017 • Devoir de vigilance

Travail des enfants dans les mines de RDC : la politique de l’autruche des multinationales

Le cobalt est un métal indispensable à la fabrication de batteries pour voitures électriques et gadgets électroniques. La majorité du cobalt est extrait en République démocratique du Congo, pour partie dans des mines artisanales où travaillent des enfants. Alors que les ONG comme Amnesty international sonnent l’alarme depuis des années, la plupart des grandes multinationales qui utilisent du cobalt, de Microsoft à Renault, ne font encore rien, ou presque, pour remédier à la situation.

Publié le 22 novembre 2017 , par Olivier Petitjean

Les grandes multinationales de l’électronique ou de l’automobile « ne font pas le nécessaire face aux allégations de travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement en cobalt pour les batteries ». Telle est la conclusion d’un nouveau rapport d’Amnesty international, presque deux après une première étude qui avait sonné l’alarme sur la face cachée du développement des équipements électroniques et, demain, des véhicules électriques (lire notre article RDC : des enfants dans l’enfer des mines artisanales de cobalt, destiné aux smartphones et voitures électriques).

Amnesty international a étudié les principaux acteurs de la chaîne cobalt, depuis les négociants présents en RDC et s’approvisionnant dans les mines artisanales à risque, jusqu’aux utilisateurs finaux, en passant par les transformateurs du minerai et les fabricants de composants. Conclusion : « Aucune des entreprises citées dans le rapport n’a pris des mesures suffisantes pour se conformer aux normes internationales », alors qu’elles sont « toutes averties des risques en matière de droits humains et des atteintes à ces droits liés aux activités d’extraction du cobalt en RDC ».

Devoir de vigilance

Certaines firmes ont certes commencé à faire des efforts pour mieux connaître leur chaîne d’approvisionnement et tracer l’origine de leur cobalt. C’est le cas d’Apple, HP et Dell, qui ont travaillé avec l’entreprise chinoise Huayou Cobalt, principal fournisseur et maillon crucial de toute la chaîne, pour mieux identifier la source et le parcours des minerais qu’elles utilisaient, et pour mettre en place des politiques de prévention des risques. Mais elles se sont refusées à faire la transparence totale sur les risques qu’elles avaient éventuellement identifiés.

Pour les autres acteurs, c’est encore pire. Microsoft et Lenovo, pour le secteur électronique, sont pointés du doigt par Amnesty. Quant au secteur de la voiture électrique (Tesla et constructeurs traditionnels), il est « à la traîne par rapport à d’autres secteurs ». Renault est l’entreprise qui affiche la pire performance de l’échantillon en termes de prise en compte et de prévention des risques de violations des droits fondamentaux sur sa chaîne d’approvisionnement en cobalt [1].

L’entrée en vigueur de la loi française sur le devoir de vigilance devrait rapidement obliger le constructeur français à davantage d’efforts. Selon Reuters, Renault a annoncé avoir mis en place un « groupe de travail avec ses fournisseurs ».

Olivier Petitjean

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Photo : Fairphone CC

Notes

[1Notons que l’autre grand acteur français des véhicules électriques, Bolloré Blue Solutions, utilise un autre type de batterie, présenté comme « sans cobalt ».

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