04.03.2019 • Violence

Mexique : assassinat d’un leader indigène opposé à un projet gazier impliquant des multinationales européennes

Samir Flores, leader indigène et fer de lance de l’opposition au Proyecto Integral Morelos, a été assassiné le 20 février dernier au Mexique. Ce mégaprojet gazier est porté par de nombreuses multinationales européennes, dont Nissan et Saint-Gobain.

Publié le 4 mars 2019 , par Olivier Petitjean

Samir Flores, leader indigène náhuatl, a été assassiné de deux balles dans la tête le 20 février dernier dans son village natal de l’État de Morelos, au Mexique. Il était l’un des fers de lance de l’opposition au Proyecto Integral Morelos (PIM), un grand projet incluant notamment la construction d’un gazoduc et de deux centrales thermoélectriques dans les États de Puebla, Morelos et Tlaxcala, au Sud-Est de la capitale mexicaine. Le meurtre a eu lieu quelques jours à peine avant la tenue d’un référendum local très contesté autour du PIM.

Vanté comme un moyen d’alimenter les populations locales en gaz et en électricité meilleur marché, le Proyecto Integral Morelos apparaît surtout comme un projet taillé pour les intérêts des multinationales européennes installées dans la région. Le gazoduc et les centrales électriques seront construits et gérés par des entreprises espagnoles (Abengoa, Elecnor et Enagas), et ils seront surtout au service des unités de production de firmes comme Unilever, Continental, Nissan (dont Renault reste le premier actionnaire) et la française Saint-Gobain.

Les communautés locales craignent quant à elles les conséquences en termes de pollution et de surexploitation des ressources en eau. Et surtout dénoncent l’expropriation de leurs terres traditionnelles et la violation des droits des peuples indigènes. Le tracé du gazoduc passera juste à côté d’un volcan...

Référendum sous tension

Les autorités mexicaines ont fait valoir que le lien entre l’assassinat de Samir Flores et l’opposition au Proyecto Integral Morelos n’était pas établi. Le procureur de l’État a même mis en avant la possible implication de gangs criminels, s’attirant une vague de réprobations. Le Front populaire en défense de la terre et de l’eau (FPDTA), coalition des opposants, a dénoncé un « crime politique ».

Le gouvernement a refusé d’annuler la tenue du référendum sur le PIM qui a eu lieu les 23 et 24 février. Sur fond d’incidents, de présence policière massive et d’accusations de manipulation des résultats, celui-ci a donné la victoire au Oui. Mais la contestation continue. Manifestations et blocages d’autoroutes ont été organisés le 3 mars pour demander justice pour la mort de Samir Flores et protester contre la centrale thermoélectrique.

Il y a quelques mois, un référendum similaire sur un autre grand projet, celui du nouvel aéroport de Mexico, s’était soldé par une victoire du Non, forçant l’abandon du chantier où les travaux avaient déjà été engagés.

Selon le décompte effectué chaque année par l’ONG Global Witness, le Mexique est le second pays le plus meurtrier pour les défenseurs de l’environnement et des droits des communautés, après le Brésil. 207 meurtres de défenseurs de la terre ont été enregistrés dans le monde en 2017, un chiffre record.

OP

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