07.05.2015 • Palestine

Douteuses « relations d’affaires » pour Orange dans les colonies israéliennes illégales

« Orange participe indirectement au maintien et au renforcement des colonies israéliennes situées dans le Territoire Palestinien Occupé, pourtant considérées illégales par la communauté internationale. ». Telle est la conclusion d’un rapport mettant en cause la « relation d’affaires » entre le groupe Orange et l’entreprise israélienne de télécommunications Partner Communications.

Publié le 7 mai 2015 , par Olivier Petitjean

Le rapport, publié par cinq organisations non gouvernementales [1] et deux syndicats (CGT et Sud), est à lire ici.

L’un des principaux acteurs du marché de la téléphonie mobile en Israël et dans les territoires occupés, Partner Communications offre ses services aux colonies illégales – allant jusqu’à y installer ses boutiques - et aux opérations de l’armée israélienne. Elle possède plusieurs centaines d’antennes de téléphonie mobile sur des terres palestiniennes confisquées – et parfois confisquées expressément pour permettre l’installation de ces antennes. Du fait des restrictions imposées aux compagnies palestiniennes, Partner et ses homologues captent une grande partie de marché de la téléphonie mobile y compris parmi les Palestiniens, privant l’Autorité des recettes fiscales associées. Suite à la publication du rapport, Orange a précisé n’avoir « aucun lien capitalistique ou opérationnel avec Partner » [2]. Selon les termes du contrat qui la lie à l’entreprise française, Partner est néanmoins autorisée à utiliser la marque et le logo d’Orange pour ses opérations commerciales, moyennant le paiement d’une redevance à la firme française, dont le montant n’est pas connu.

Silence d’Orange et de l’État français

Les auteurs du rapport - qui déclarent avoir essayé depuis des années d’interpeller la direction d’Orange et le gouvernement à ce sujet, sans résultat - pointent notamment la responsabilité et les contradictions de l’État français. Avec ses homologues européens, il multiple les prises de position publiques contre les colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés, et a publié un avis aux entreprises françaises attirant leur attention sur les risques juridiques qu’elles encourent du fait de leur activité dans les territoires occupés [3]. Avis dont la publication aurait notamment entrainé le retrait de Safege, filiale de Suez environnement, d’un projet à Jérusalem Est. Pour l’instant, Orange et son principal actionnaire ont choisi de passer outre. Malgré les pressions exercées à l’époque, le partenariat avec Partner a été renouvelé en 2011, puis apparemment à nouveau en 2015 [4].

L’implication de plusieurs autres entreprises françaises dans les territoires occupées a déjà défrayé la chronique de par le passé, notamment celle d’Alstom et de Veolia dans la construction du tramway de Jérusalem (lire notre article). Pour ces raisons, elles se sont retrouvées la cible des militants de la campagne BDS (boycott désinvestissement sanctions) notamment en Angleterre et aux États-Unis.

La campagne « Made in Illegality », dans laquelle s’inscrit la publication de ce rapport sur Orange, vise pour sa part à mettre en lumière le rôle de l’Union européenne et de ses entreprises dans la perpétuation du conflit israélo-palestinien, à travers les relations économiques qu’elles nouent dans les territoires occupés. Orange aurait fini par demander in extremis, un rendez-vous aux ONG et aux syndicats qui ont publié ce rapport. Leur apportera-t-elle enfin des réponses satisfaisantes ?

Olivier Petitjean

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Photo : Ido Erez via OrientXXI

Notes

[1CCFD Terre solidaire, Ligue des droits de l’homme, Fédération internationale des droits de l’homme, Association France Palestine Solidarité et Al Haq.

[2Voir ici.

[3En voici la teneur : « Les transactions financières, les investissements, les achats, les approvisionnements ainsi que d’autres activités économiques dans les colonies ou bénéficiant aux colonies, entraînent des risques juridiques et économiques liés au fait que les colonies israéliennes, selon le droit international, sont construites sur des terres occupées et ne sont pas reconnues comme faisant partie du territoire d’Israël. » Source ici (onglet « Infos utiles »).

[4Selon un communiqué de presse de Partner.

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