29.05.2015 • Services aux collectivités

Économies d’énergie : le double jeu d’EDF et d’Engie

EDF et Engie (ex GDF Suez) misent de plus en plus sur leurs activités de « services énergétiques » à destination de collectivités locales soucieuses de réduire à la fois leurs émissions de gaz à effet de serre et leur facture d’électricité et de gaz. Un marché de plusieurs milliards d’euros en France, largement dominé par les deux géants nationaux de l’énergie. L’enjeu est de taille, puisque les consommations d’énergie dans les bâtiments, chauffage ou autres, représentent le quart des émissions de gaz à effet de serre françaises. Mais EDF et Engie peuvent-ils vraiment à la fois vendre de l’énergie d’un côté et se voir confier de l’autre l’essentiel de l’effort de réduction de nos consommations énergétiques ? Une enquête de Jade Lindgaard pour Mediapart met en lumière les conséquences dommageables de ce conflit d’intérêt.

Publié le 29 mai 2015

EDF et GDF Suez, fournisseurs historiques d’énergie en France, et toujours de très loin les champions nationaux de l’offre, sont à tous les deux les premiers bénéficiaires des marchés de l’efficacité énergétique pour le bâti. Autrement dit, les principaux maîtres d’œuvre de la baisse de la demande. Ils occupent les deux extrémités de la chaîne, en pleine schizophrénie au regard de leurs stratégies commerciales actuelles.

Récente, la notion de services énergétiques désigne les activités conçues pour améliorer l’efficacité énergétique, c’est-à-dire la capacité à consommer le moins possible. Les acteurs sont nombreux, les actions diffuses et souvent couplées à d’autres opérations. Pour le bâtiment, il existe deux grands modes d’intervention : la rénovation des édifices (isolation, combles, fenêtres…), terrain de prédilection des groupes de BTP, et l’amélioration de l’exploitation de leur mode de chauffage. Mais en l’absence d’obligation d’économie d’énergie, chaque bailleur social, chaque collectivité, chaque hôpital organise comme il lui sied son approvisionnement en chaleur. Si bien qu’il est difficile de dresser un tableau synthétique du marché tant les contrats varient, en durée et en objet. Pour y parvenir, il faut recomposer un puzzle aux pièces éparses.

Selon une étude qu’ont menée des professionnels du secteur sur une centaine d’appels d’offres publics, entre 2012 et 2014, portant sur les marchés de services énergétiques, EDF et Engie, ex GDF-Suez, remportent 78 % des contrats. Ils concernent des collèges, piscines, bâtiments communaux, HLM, maisons de retraite… Même si cette liste n’est pas exhaustive, ils représentent une grosse majorité du marché, et offrent ainsi une bonne indication de sa structure et des effets de la commande publique. Les deux énergéticiens ne se présentent pas en leur nom propre, mais par l’intermédiaire de leurs filiales : Dalkia pour l’électricien, racheté à 100 % pour ses activités en France en 2014 et Cofely, Ineo et Ciec pour le gazier.

Lire l’intégralité de l’enquête sur le site de Mediapart (abonnement).

Jade Lindgaard évoque plusieurs exemples où les filiales d’EDF ou Engie ont joué un rôle trouble, contribuant à réduire les objectifs d’économies d’énergie initialement requis par les collectivités. Elle rappelle que malgré des objectifs officiels très ambitieux dans ce domaine, la consommation énergétique du bâti, aussi bien en ce qui concerne les logements que les bureaux, continue à augmenter.

Pour sortir de ce conflit d’intérêt flagrant, la Coalition France pour l’efficacité énergétique (CFEE), qui regroupe des entreprises, des associations, des copropriétaires et des consommateurs, revendique une séparation totale des activités de fourniture d’énergie et des prestations d’efficacité énergétique.

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Photo : Felipe Skroski cc

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