06.11.2017 • Oligarchie

L’affaire Florence Parly, ou les complaisances de l’État actionnaire

Après la polémique sur son salaire à la SNCF et les jetons de présence perçus en tant qu’administratrice de grandes entreprises françaises, la ministre des Armées Florence Parly a dû révéler avoir perçu plus de 675 000 euros bruts de mystérieuses indemnités de licenciement d’Air France en 2014. Ce qui interroge toujours autant sur la gestion de l’État actionnaire.

Publié le 6 novembre 2017

En 2016, la ministre des Armées, Florence Parly, a touché une rémunération de près de 450 000 euros bruts à la SNCF, à quoi s’ajoutaient 139 000 euros bruts de jetons de présence en tant qu’administratrice d’entreprises comme Altran, Ingenico et Zodiac. Avant cela, en 2014, elle a aussi bénéficié d’indemnités de licenciement d’Air France de 675 800 euros bruts. Ces revenus étonnamment élevés semblent en contradiction avec la limitation des rémunérations dans le secteur public adoptée il y a quelques années. Des révélations qui posent beaucoup de questions sur la manière dont sont gérés les entreprises publiques et le portefeuille de participations de l’État. Le patron de l’Agence des participations de l’État, Martin Vial, n’étant autre que l’époux de Florence Parly.

Explications de Mediapart :

La ministre des armées, Florence Parly, s’y est prise à deux fois pour transmettre les renseignements que la loi lui fait obligation de donner à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Mal lui en a pris, car la voici deux fois placée sous le feu des critiques.

Lors de sa première déclaration, déposée le 12 août dernier, une première polémique a pris de l’ampleur parce qu’elle empochait une rémunération digne du CAC 40, toute haute fonctionnaire qu’elle était du temps où elle était à la direction de la SNCF, juste avant de devenir ministre d’Emmanuel Macron.

Mais Florence Parly n’avait alors fait état de ses revenus que sur les deux dernières années. Elle a donc été dans l’obligation de fournir le complément d’informations exigé par la HATVP sur les cinq dernières années. Et, cette fois encore, la polémique risque de repartir de plus belle, car, dans cette nouvelle déclaration, on découvre un chiffre encore plus spectaculaire : quand elle a quitté Air France en septembre 2014, juste avant de rejoindre la SNCF deux mois plus tard, Florence Parly a empoché la somme exorbitante de 675 800 euros bruts. Une somme qui soulève de très intrigantes questions.

Lire l’intégralité de l’article et le détail des chiffres sur le site de Mediapart (abonnement)

Pour expliquer le licenciement de 2014, Air France et Florence Parly évoquent d’énigmatiques « désaccords stratégiques ». L’article souligne également la complaisance dont a bénéficié l’actuelle ministre de la part de son administration :

On découvre ainsi que Florence Parly était en disponibilité pour convenances personnelles lorsqu’elle était chez Air France ; puis hors cadres lorsqu’elle était à la SNCF ; et enfin en disponibilité d’office depuis sa nomination en tant que ministre des armées. De la sorte, la haute fonctionnaire a pu naviguer d’une entreprise à l’autre, d’une entreprise privée où l’État est le principal actionnaire jusqu’à une entreprise publique, en obtenant des rémunérations considérables, puis un parachute, le tout en disposant d’une totale sécurité de l’emploi. Car, bien évidemment, Florence Parly a le loisir de reprendre son métier d’administratrice civile à la direction du budget quand elle le veut.

OP

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Photo : Wikimedia Commons CC

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