09.10.2013 • États-Unis

Sodexo dénoncée parmi les « profiteurs » de la privatisation et de l’externalisation des services publics

Sous le titre Outsourcing America Exposed, l’ONG américaine Center for Media and Democracy lance une campagne visant à dénoncer les entreprises qui profitent de la privatisation et de l’externalisation des services publics aux États-Unis (prisons, écoles, administration, etc.). La première entreprise ciblée par cette campagne n’est autre que ... Sodexo. Le groupe français est accusé de servir une alimentation au rabais et d’engranger les profits sur le dos des contribuables.

Publié le 9 octobre 2013

« Un gouvernement aux abois est le meilleur des clients. » C’est ainsi qu’un entrepreneur spécialisé dans le rachat d’infrastructures publiques résumait son modèle commercial. Selon le Center for Media and Democracy (source de cette citation), le mouvement de privatisation et d’externalisation des services publics aurait pris une ampleur inédite avec la crise financière de 2008 et son impact sur les finances publiques à tous les niveaux. Les contrats très avantageux passés entre collectivités locales et entreprises assurent le plus souvent à ces entreprises des revenus fixes. A charge pour elles de soigner ensuite leur marge bénéficiaire - le plus souvent en rognant sur la qualité du service.

Première cible de la campagne Outsourcing America Exposed ? Sodexo. Tout comme en France, le groupe assure la restauration de nombreuses écoles, universités et administrations publiques américaines - ainsi que de plusieurs bases de l’armée, y compris en Irak. Il a été dénoncé à de multiples reprises pour la qualité de l’alimentation servie et pour les conditions imposées à ses clients et ses fournisseurs.

L’article consacré à Sodexo énumère les scandales de sécurité alimentaire dans lesquels l’entreprise s’est trouvée impliquée : affaire de la viande de cheval au Royaume-Uni et intoxication d’élèves allemands par des fraises chinoises. Son contrat avec la Marine américaine a été remis en cause suite à la découverte de poulets contaminés à la listeria.

Certains critiques vont jusqu’à établir un lien de causalité directe entre restauration privée et mauvaises performances scolaires. Les prestataires tendraient en effet à servir une alimentation de moindre qualité, chargée en sucre, en sel et en graisse, nuisible à la capacité de concentration des élèves.

Ruptures de contrat

Le Center for Media and Democracy rappelle aussi que Sodexo a déjà été la cible, il y a quelques années, aux États-Unis, d’une grande campagne citoyenne pour son implication dans la Corrections Corporation of America (CCA), une entreprise gestionnaire de prisons privées très controversée. Cette campagne avait fait perdre à Sodexo ses contrats de restauration dans six universités américaines, la forçant à se désengager totalement de CCA en 2001. Mais l’entreprise française reste active dans le secteur carcéral en France et ailleurs, et continue à gérer directement la restauration des prisons au Royaume-Uni et en Australie.

Cinq autres universités ont rompu leur contrat avec Sodexo en 2011 après la publication d’un rapport de Human Rights Watch sur les violations des droits humains par les multinationales européennes aux États-Unis. Le pays a connu ces dernières années une véritable explosion d’emplois sous-payés avec des dispositions contractuelles très défavorables aux employés dans les secteurs de la distribution et de la restauration. Sodexo est partie prenante de ce phénomène aux côtés de Walmart et de McDonald’s. Comme nombre de ses consoeurs, l’entreprise française a commencé à baisser les heures de travail de ses employés pour contourner les nouvelles obligations de l’« Obamacare », la réforme du système de santé américain.

Sur le portail de la campagne Outsourcing America Exposed, toutes les entreprises visées n’ont pas encore été dévoilées. Aux côtés de Sodexo, on trouve des firmes spécialisées dans la gestion commerciale de prisons, des sociétés de services informatiques qui sous-traitent certaines tâches administratives, ou encore des entreprises proposant des services éducatifs virtuels censés se substituer aux écoles publiques.

D’autres groupes français pourraient suivre. Veolia et Suez, notamment, ne cachent pas qu’elles voient dans la crise des finances publiques une « opportunité ».

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