« Ces licenciements, qui représentent un tiers de nos effectifs parisiens sont des licenciements boursiers, qui visent à augmenter les dividendes de nos dirigeants », proteste l’intersyndicale CFDT-CGT-CFE/CGC, qui rappelle « les performances financières inégalées du groupe » en 2014 : un chiffre d’affaires en hausse de 18,6 %. Soit près de quatre fois l’objectif (qui était fixé à 5 %) et un résultat net en progression de 35 % ! Après cette année 2014 marquée par l’introduction en Bourse, l’année 2015 s’annonce tout aussi clémente : Euronext a publié un chiffre d’affaires en hausse de 9,6% au premier trimestre.
Pourquoi, dans un tel contexte, licencier une partie des salariés ? D’autant que la réduction des effectifs pourrait poser problème. « Cette décision est dangereuse pour la pérennité économique de l’entreprise, et pour l’écosystème du secteur financier du pays », jugent les syndicats, avant de détailler : « Avec un tiers des effectifs en moins, nous ne sommes plus à même de garantir l’absence de risques. » Les risques, dans le domaine boursier, ce sont les pannes, avec des interruptions longues du fonctionnement du marché (jusqu’à une heure). « Nous sommes de moins en moins nombreux, reprend l’intersyndicale. Les plus anciens sont remplacés par des plus jeunes, qui coûtent moins cher à la société mais que l’on n’a plus le temps et la disponibilité de former correctement. Nos systèmes technologiques sont très pointus ! » Issu de la fusion en 2000 des Bourses d’Amsterdam, Bruxelles et Paris, Euronext est le premier opérateur financier de la zone euro : il gère les échanges financiers pour 1300 émetteurs représentant une capitalisation boursière totale de 2 600 milliards d’euros (soit plus que le PIB annuel de la France).
Qui dit baisse des effectifs dit souvent souffrance au travail pour celles et ceux qui restent. « Cette décision est dangereuse pour la santé mentale et physique des salariés qui sont déjà en nombre insuffisant pour faire face à la charge de travail » , s’indignent les syndicats. Mais cela ne semble pas soucier le PDG Dominique Cerutti, qui vient d’annoncer son départ d’Euronext pour le groupe Altran, « leader mondial du conseil en innovation et ingénierie avancée »...
Nolwenn Weiler
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Photo : CC Stef Niko