Les militants qui ont occupé l’usine voulaient dénoncer les relations étroites entre les industries d’armement européennes et israéliennes, symbolisées par l’association entre Thales et Elbit pour développer un drone tactique basée sur une technologie « testée sur le terrain » à Gaza. Ils entendaient également critiquer, plus largement, les exportations d’armes européennes vers Israël.
Voir ici, ici et ici des images de l’occupation et de manifestations précédentes contre Thales. Les occupants ont même accusé l’entreprise française de fabriquer dans cette usine des pièces détachées envoyées ensuite en Israël.
L’ONG britannique War on Want a consacré il y a quelques mois un rapport détaillé (en anglais) au développement du drone Watchkeeper et à son prédécesseur, l’Hermes 450 d’Elbit Systems.
Une usine britannique d’Elbit, construite dans le cadre du partenariat avec Thales, avait elle aussi été ciblée en août, en plein conflit à Gaza. Le Watchkeeper est souvent présenté comme un drone de surveillance, non armé, mais selon War on Want, la distinction est artificielle : l’Hermes 450 aurait été utilisé par Tsahal en version drone de combat.
Drones : la connexion euro-israélienne
Israël est un l’un des principaux pionniers mondiaux des drones, et les firmes israéliennes (Elbit et IAI) ont noué des partenariats avec les entreprises européennes. Elles ont même joué un rôle important pour pousser les institutions européennes à s’intéresser aux drones et à débloquer des financements pour stimuler la recherche européenne dans ce domaine [1].
Pour les critiques, le Watchkeeper sert surtout aux gouvernements et intérêts industriels européens à reconvertir et « blanchir » les technologies israéliennes de l’armement. Plusieurs autres pays, dont la France et la Pologne, ont exprimé leur intérêt pour le drone Watchkeeper, que l’armée britannique vient de déployer officiellement en Afghanistan.
La cause palestinienne et celle de l’indépendance écossaise semblaient s’être étroitement mêlées dans la tête des militants qui ont ciblé l’usine. Thales est le deuxième fournisseur d’armes du Royaume-Uni, et son PDG Jean-Bernard Lévy n’avait pas hésité, quelques jours avant le référendum sur l’indépendance écossaise du 18 septembre 2014, à s’immiscer dans les débats en brandissant notamment la menace d’une fermeture de l’usine occupée par les activistes.
Olivier Petitjean
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Photo : Glasgow Palestine Action
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