Les communautés affectées par les activités agricoles du groupe Bolloré se sont fédérées pour former une « alliance des riverains des plantations Bolloré-Socfin ». Avec l’aide d’une association grenobloise, Réseaux pour l’action collective transnationale (ReAct), ils ont obtenu l’organisation d’une réunion de négociations le 24 octobre, à Paris, avec des représentants du groupe Bolloré et des communautés touchées par ces plantations. Pour y parvenir, ils avaient fait monter la pression depuis un an, en intervenant notamment lors de l’Assemblée générale 2013 du groupe (lire notre article).
Les riverains de Bolloré et de ses filiales dénoncent notamment les conséquences de l’acquisition controversée des terres agricoles, en Afrique et en Asie. Ils pointent notamment du doigt des acquisitions foncières de la Socfin qu’ils considèrent comme « un accaparement aveugle des terres ne laissant aux riverains aucun espace vital », en particulier pour leurs cultures vivrières. Ils dénoncent également la faiblesse des compensations accordées aux communautés et le mauvais traitement qui serait réservé aux populations. Les représentants africains et cambodgiens sont venus demander au groupe Bolloré et à la Socfin de garantir leur espace vital en rétrocédant les terres dans le voisinage immédiat des villages, et de stopper les expansions foncières qui auraient été lancées sans l’accord des communautés.
Interlocuteurs légitimes
« Nous sommes satisfaits que M. Bolloré assume ses responsabilités, explique Emmanuel Elong, représentant camerounais de l’Alliance des riverains. Les accaparements de terres sont un problème global et des négociations globales sont nécessaires. Nous attendions beaucoup de la rencontre du 24 octobre qui est une première historique. » Entre 2011 et 2014, les surfaces plantées par la société Socfin, dont le groupe Bolloré est l’actionnaire principal, ont augmenté de 24%, passant de 87 303 à 108 465 hectares.
Finalement, des représentants du groupe Bolloré étaient bien là, en particulier Marie Annick Darmaillac, secrétaire générale adjointe du groupe. Mais la Socfin n’était pas représentée. « L’absence des représentants de cette société, dont la présence était pourtant annoncée, a cependant semé le doute sur le sérieux des intentions du groupe français qui se présentait jusque-là comme « facilitateur de dialogue » entre les deux parties », commente le ReAct. Une absence également regrettée par les membres de l’alliance. « Nous n’avons pas obtenu tout ce que nous demandions, mais la bonne nouvelle, c’est que le dialogue a commencé », a déclaré Shiaka Musa Sama, du Sierra-Leone, au journal Jeune Afrique, à la sortie de la conférence. « Nous qui avons été traités en criminels, nous sommes désormais considérés comme des interlocuteurs légitimes. » Une nouvelle réunion devrait avoir lieu en février prochain.
Simon Gouin
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Photo : LindsayStark cc
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