Areva envisagerait de poursuivre le gouvernement australien devant la justice fédérale du pays, plutôt qu’auprès d’une juridiction internationale. Selon le Sydney Morning Herald, elle cherche « au minimum à recouvrir les coûts encourus sur le projet Koongarra, acquis en 1995, mais pourrait aussi exiger une compensation pour ses profits non réalisés, exposant le gouvernement à payer plusieurs centaines de millions de dollars ».
Avant cette nouvelle péripétie, le projet de mine de Koongarra avait défrayé la chronique en raison de l’opposition emblématique des aborigènes de la région aux velléités d’Areva. Une grande partie des terres étaient détenues par un propriétaire aborigène, Jeffrey Lee, auquel l’entreprise française aurait offert des millions de dollars. Mais celui-ci a refusé : « Le fait que les Blancs m’offrent ceci ou cela ne m’intéresse pas. » Au contraire, il a offert ses terres au gouvernement australien, à la condition qu’elles soient intégrées dans le Parc national classé par l’UNESCO, ce qui fut fait en 2011, malgré une campagne de lobbying d’Areva. (Sur toute cette affaire, voir ici.)
L’entreprise n’a pas souhaité répondre à nos questions. Elle a déclaré à la presse australienne que « dès lors que ce projet faisait partie des investissements commerciaux d’Areva en Australie, nous sommes en train d’étudier les options disponibles suite à cette mesure, en conformité avec les pratiques commerciales normales ».
Le Parc national de Kakadu, d’une superficie équivalente à la moitié de la Suisse, abrite déjà une autre mine d’uranium, Ranger, exploitée par Rio Tinto, et elle aussi contestée par les aborigènes et les écologistes [1].
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Faites un donAreva détient une cinquantaine de licences d’exploration en Australie (où elle se heurte également à la résistance des aborigènes), mais le gisement de Koongarra était l’un des plus prometteurs [2].
Pour le moment, le groupe français n’exploite des mines qu’en Afrique (Niger-Gabon), au Canada et au Kazakhstan, mais il souhaite diversifier ses sources d’approvisionnement, notamment au regard de la laborieuse renégociation de ses contrats au Niger et des investissements perdus à l’occasion de l’affaire Uramin. La Mongolie et l’Australie constituent ses principales cibles.
Olivier Petitjean
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Photo : Glenn Campbell, mine Ranger.