25.09.2014 • Pétrole

BP, portrait d’une multinationale tentaculaire : 1180 filiales échelonnées sur 12 niveaux dans 84 pays

L’organisation britannique OpenOil a tenté de « cartographier » une multinationale pétrolière, en l’occurrence BP, à partir des diverses données publiquement disponibles sur ses filiales et sa structuration. Un exercice qui permet de mettre en évidence la complexité et l’opacité d’une multinationale comme BP aujourd’hui.

Publié le 25 septembre 2014

Johnny West, fondateur d’OpenOil (organisation britannique de consulting et de plaidoyer pour la transparence dans le secteur pétrolier), tire les leçons de l’exercice pour le site OpenCorporates :

Cela nous a pris un peu de temps pour maîtriser les bizarreries des documents publics des entreprises - ce que l’on peut trouver à tel endroit, ce que l’on ne peut pas trouver, et comment convertir ces données en formats ouverts utilisables - mais à la fin nous nous sommes retrouvés avec 1180 sociétés affiliées à BP, enregistrées dans 84 juridictions à travers le monde, avec des relations de propriété pouvant atteindre douze échelons de profondeur.

Ce faisant, nous avons appris un certain nombre de choses.

La première (...) c’est que nous ne savons presque rien ! Nous avons une « cartographie capitalistique » à peu près correcte - retraçant les diverses participations de BP Plc, la société mère, dans le monde. Mais qu’en est-il des flux financiers entre toutes ces sociétés, et de ceux entrant et sortant du réseau du groupe (le chiffre d’affaires de BP était d’environ 350 milliards de dollars en 2013) ? Et de la relation entre cet argent et les activités de BP à toutes les étapes de la chaîne de valeur, prospection, production, raffinage, négoce et distribution de produits pétroliers à travers toute la planète ?

Et pourtant, même en l’état actuel, cette cartographie soulève toutes sortes de questions intéressantes. Pourquoi toutes les filiales de BP dans les îles Caiman semblent-elles consacrées soit aux oléoducs, soit à la région du Caucase ? BP utilise-t-elle une filiale belge pour gérer les revenus du champ pétrolier de Rumaila au Sud de l’Irak, et si oui, est-ce pour des raisons fiscales ? Est-ce qu’une petite société détenue par Price Waterhouse Cooper a pris en charge les questions de conformité juridique pour une partie très importante du réseau à la mi-2010 pour renforcer le "bouclier de Macondo", destiné à prémunir les patrons de BP de toute mise en cause juridique suite à la marée noire du Golfe du Mexique ? (...)

Ce qui nous mène à la seconde leçon – cette carte n’est pas un aboutissement, mais le commencement d’une recherche. Elle fournit un squelette sur lequel il faudra raccrocher davantage d’informations et des connaissances plus approfondies. Par exemple, nous avons des rapports financiers remontant à plusieurs années en arrière pour 150 filiales de BP. Il faut être des experts en comptabilité d’entreprises - ce que nous ne sommes pas - pour détecter au sein de toutes ces données des tendances lourdes correspondant à des événements du monde réel, comme les conséquences financières de la catastrophe de Deepwater Horizon ou des péripéties en cours en Russie et alentour. Mais le principe de l’open data signifie que si nous pouvons collecter, trier et publier ces données, peut-être quelqu’un d’autre pourra venir et commencer à les rendre plus intelligibles.

L’intégralité du post (en anglais) est disponible ici.

Voir ici la cartographie réalisée par OpenOil et ici les visualisations cartographiques réalisées par OpenCorporates.

Sur le même sujet, lire Entre Total et ses filiales sur le terrain au Nigéria, « quatre entités dans trois pays différents »

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