11.03.2015 • Modèle de développement

Bras de fer autour d’un mégaprojet minier en Grèce

L’affaire est considérée par beaucoup comme une illustration de la tentative d’importer en Europe du Sud, à la faveur de la crise, les pratiques douteuses des multinationales minières, subies depuis des décennies par les pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. L’entreprise minière canadienne Eldorado Gold veut relancer la mine de Skouries et ouvrir plusieurs nouvelles mines d’or dans la péninsule de Chalcidique, au Nord de la Grèce. Des projets qui menacent de bouleverser en profondeur un environnement relativement préservé, et de polluer les seules sources d’eau potable de la région. Profitant du contexte d’austérité et de portes grands ouvertes aux investisseurs étrangers, la multinationale avait réussi à s’assurer le soutien des autorités locales et nationales. Le nouveau gouvernement grec emmené par Syriza a retiré son soutien au projet, mais sur le terrain, la lutte continue.

Publié le 11 mars 2015

L’Humanité revient sur la lutte des habitants de la région contre Eldorado Gold en soulignant l’ampleur des dégâts environnementaux occasionnés par le projet minier, ainsi que l’influence que la multinationale a réussi à se ménager dans la région :

L’exploitation controversée aurait été la première du genre en Chalcidique, où les 317 km2 de concessions minières incluent deux mines souterraines, le site actif de Stratoni et celui d’Olympiada, qu’Eldorado Gold voulait remettre en fonction, parallèlement à la nouvelle mine à ciel ouvert de Skouries. Pour cette dernière, il était prévu d’évider la montagne, créant un vaste cratère d’un diamètre de 700 mètres – d’après l’entreprise ; dans les faits, beaucoup plus. Dans un second temps, serait creusée une mine souterraine de 800 mètres de profondeur. Avant que l’arrivée d’Alexis Tsipras au pouvoir ne marque un coup d’arrêt au projet, cette mine a constitué une source de conflit avec les populations locales, notamment parce que la montagne visée, le Kakavos, abrite les plus importantes réserves en eau douce de toute la région. (...)

De l’or dont ils ne verront pas la couleur car les règlements nationaux de l’industrie minière ne prévoient pas de droits d’exploitation pour les sites, ni de redevances à l’État. La promesse de créer 2 500 emplois, sur huit ans, dans une région où le chômage est massif, ne suffit pas à convaincre les agriculteurs, éleveurs, ­pêcheurs, apiculteurs qui risquaient de ne plus pouvoir travailler à cause de la pollution irréversible de l’eau, de l’air et des sols engendrée par une exploitation de si grande ampleur. D’ailleurs, à proximité des anciennes exploitations, l’eau chargée en métaux lourds et en arsenic n’est plus potable. (...)

En effet, les chiffres fournis par Eldorado Gold ont de quoi alarmer : ils prévoient un rejet pouvant aller jusqu’à 3 100 tonnes par heure de poussière chargée en produits toxiques (métaux lourds, arsenic et cyanure) qui, propulsée dans l’air à 700 mètres d’altitude… ­retombera inévitablement sur les terres agricoles et les villages alentour. Toujours à propos de pollution atmosphérique, il faudra acheminer, par camions, le minerai vers le port de Thessalonique, d’où il sera expédié en Chine pour y être raffiné… Une intensification de la production engendrera un trafic incessant, polluant et dangereux. Et pour stocker les déchets, les digues seraient érigées à flanc de montagne, mais un glissement de terrain ou une tempête les entraîneraient immanquablement directement dans la mer !

Lire l’intégralité du reportage sur le site de l’Humanité

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Photo : Παρατηρητήριο Μεταλλευτικών Δραστηριοτήτων cc

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