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Bonne lecture
Une internationale libertarienne et ses discrets partenaires en France
Quel est le point commun entre le Brexit, le Climategate, les élections de Trump et Milei... ... et en France des organisations comme l’Ifrap ou l’Institut de formation politique où se côtoient droite et extrême-droite ?
Réponse : l’Atlas Network, un réseau de think tanks et d’organisations libertariennes et ultraconservatrices, financé par les frères Koch et d’autres milliardaires étatsuniens, créé pour « changer le climat des idées » partout dans le monde.
Sa méthode ? Créer un chambre d’écho et travailler en réseau pour propager des idées anti-climat, anti-régulation, anti-impôts, anti-minorités, anti-services publics, anti-autochtones.
Le réseau se prévaut de nombreuses victoires politiques tout autour de la planète, comme le rejet de référendums au Chili et en Australie, le Brexit, le départ forcé de Dilma Rousseff au Brésil ou encore l’élection en Argentine de Javier Milei.
En France, le réseau Atlas compte parmi ses partenaires des think tanks omniprésents dans les médias comme l’Ifrap, tandis que d’autres comme l’IFP s’occupent de formation et de mise en réseau des leaders et porte-parole de droite et d’extrême-droite.
Ces partenaires français de l’Atlas Network préfèrent rester discrets sur leurs liens avec le réseau américain qui les a activement soutenus et inspirés. De plus en plus efficaces et omniprésents dans les médias, ils réussissent à imposer leurs idées et leurs thèmes parfois jusque dans les discours gouvernementaux, sur l’éducation ou le logement par exemple.
Notre enquête est à lire ici : Le réseau Atlas, la France et l’extrême-droitisation des esprits.
L’Europe dans le viseur
Green Deal (contre), accords de libre-échange (pour), tabac (pour), pesticides (pour), droits pour les travailleurs des plateformes (contre)...
Les partenaires du réseau Atlas sont également de plus en plus présents et bruyants à Bruxelles, au niveau des institutions de l’UE, et les prochaines élections européennes pourraient leur offrir un terreau encore plus favorable.
En complément de notre rapport sur le réseau Atlas en France, nous avons également enquêté sur les partenaires du réseau à Bruxelles, et comment ils essaient de pousser l’Europe dans une direction plus conforme à leur vision du monde : toujours moins de régulation, toujours plus de libre-échange, toujours plus de « liberté » pour les multinationales.
Ils cultivent des liens avec l’extême-droite et la droite européennes, mais aussi avec le parti libéral ALDE-Renew, dont font partie les eurodéputés macronistes. Une convergence que l’on a observé, notamment, à propos de la directive sur les travailleurs des plateformes.
Lire notre article : Comment le réseau Atlas cible l’Europe
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Eurosatory et les armes destinées à Israël. Eurosatory, le salon international de défense et de sécurité terrestre, doit se tenir à la mi-juin dans la banlieue de Paris. Plusieurs associations (ASER, Stop Arming Israël, Urgence Palestine et Association France Palestine Solidarité) ont appelé mercredi les organisateurs à empêcher le commerce d’armements susceptibles d’être utilisés par l’armée israélienne à Gaza, sous peine de poursuites judiciaires. 74 entités israéliennes sont annoncées parmi les plus de 2000 exposants attendus. Mais les associations visent aussi toutes les entreprises qui vendent des équipements militaires à Israël, et participent ainsi indirectement à ce qui est reconnu de plus en plus largement comme un génocide à Gaza. On relira à ce sujet notre article Les liaisons dangereuses de l’industrie française de l’armement avec Israël.
CAC40 degrés. Un nouveau rapport d’Oxfam France se penche sur le CAC40 et ses émissions de gaz à effet de serre. L’analyse montre que la plupart des groupes de l’indice parisien ne sont pas alignés sur les objectifs de l’Accord de Paris, puisque leurs stratégies nous amènent vers un réchauffement global des températures de +2,7°C. Sans surprise, les entreprises les moins alignées sur l’Accord de Paris sont aussi les plus polluantes : TotalEnergies, ArcelorMittal, Airbus et Safran. Illustration du sens des priorités de nos chers champions nationaux : en 2022, les entreprises non financières du CAC 40 ont versé près de 4 fois de plus de dividendes à leurs actionnaires qu’elles n’ont investi dans la transition écologique.
Paris est à nous LVMH. Une série de Mediapart se plonge dans la stratégie de conquête de Paris dans laquelle s’est lancé depuis plusieurs années le groupe LVMH, avec la bénédiction de l’exécutif municipal. Avec ses acquisitions immobilières et en s’appropriant l’espace public parisien, le groupe domine désormais des quartiers entiers de la capitale, comme les alentours de la Samaritaine, la place Vendôme, les Champs Elysées ou encore le Bois de Boulogne. Utilisant le patrimoine parisien à des fins publicitaires, LVMH concourt aussi à transformer encore plus la ville en Disneyland du luxe à destination des séries Netflix et des touristes chinois.
Une AG sous le feu des projecteurs. Et comme il n’est pas possible d’achever une lettre de l’Observatoire des multinationales sans parler au moins une fois de TotalEnergies, rappelons que le groupe pétrogazier a tenu vendredi 24 mai son assemblée générale annuelle. Une occasion, cette année encore, de forte mobilisation policière et de répression des militants pour le climat. Mais aussi l’occasion d’une plainte inédite devant la justice pénale émanant de victimes du groupe dans plusieurs pays. Ainsi que de plusieurs publications intéressantes, notamment une série d’article dans Le Monde à l’occasion des 100 ans du groupe, avec des analyses intéressantes sur sa politique d’influence tous azimuts (science, sport, culture), pour lesquelles nous avons été interrogés. Et une enquête en profondeur sur la manière dont la diplomatie française se met au service de TotalEnergies, à grands coups de portes tournantes, dans la lignée du rapport que nous avions publié sur ce sujet en 2022 Comment l’État français fait le jeu de Total en Ouganda. À noter aussi, un article de Reporterre sur les moyens de « désarmer » TotalEnergies, qui discute de notre étude de décembre dernier TotalEnergies : comment mettre une major pétrogazière hors d’état de nuire.