Après avoir subi les foudres de Chevron pour s’être trop intéressé à ses démêlés judiciaires avec l’Équateur [1], le fonds d’actionnaires Trillium Asset Management s’attaque aujourd’hui aux grandes firmes du secteur des télécommunications et à leur collaboration avec les programmes de surveillance du gouvernement américain.
Dans le collimateur de Trillium, les entreprises AT&T et Verizon, dont la complaisance envers l’appareil de sécurité est très largement dénoncée. La justice américaine a ainsi révélé que l’administration avait secrètement collecté les données de millions d’appels auprès de Verizon, et AT&T recevrait 10 millions de dollars par an de la CIA pour sa collaboration. Trillium a déposé deux résolutions d’actionnaires demandant à ces firmes de révéler les informations qu’elles partagent suite à des requêtes d’agences gouvernementales.
Comme le rapporte le New York Times, les deux firmes ont choisi, comme Chevron avant elles, d’ignorer ces demandes en déniant la légitimité de Trillium et de ses requêtes. AT&T a demandé à l’autorité de régulation financière américaine, la SEC, d’ignorer la résolution au motif que les actionnaires ne seraient pas concernés par la gestion au quotidien de l’entreprise. Verizon va encore plus loin, puisqu’elle dénie la légitimité d’actionnaire de Trillium, refusant de reconnaître pour l’instant que le fonds a le droit de déposer une résolution.
Bien au-delà de l’investissement « éthique » ou « responsable » traditionnel (qui repose généralement sur une démarche passive de respect d’un certain nombre de critères minimalistes), la démarche de Trillium pourrait être caractérisée comme une forme d’actionnariat militant, dont on ne trouve malheureusement pas l’équivalent en Europe.
Selon un article de Reuters, les grandes entreprises américaines sont confrontées à une multiplication de propositions de résolution à dimension sociale ou citoyenne lors de leurs Assemblées générales. Ces entreprises cherchent généralement à obtenir de la SEC l’autorisation d’ignorer ces résolutions, au motif que les actionnaires n’ont pas à s’intéresser à ces questions trop « pratiques »...
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Photo : Mike Mozart cc
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