04.12.2012 • États-Unis

Des millions de dollars d’aides publiques aux entreprises pour des résultats incertains

Michelin et Airbus figurent parmi la cinquantaine de firmes ayant reçu plus de 100 millions de dollars d’aides publiques depuis 2007 aux États-Unis, selon une liste établie par le New York Times. Sous prétexte de maintenir ou créer de l’emploi, de nombreuses entreprises francaises, comme Sanofi, Lafarge, Arkema ou Saint-Gobain, ont également reçu plusieurs millions de dollars des États ou de l’administration fédérale américaine au cours de la même periode. Le tout sans suivi ni garantie réelle de résultats.

Publié le 4 décembre 2012 , par Olivier Petitjean

Le quotidien new yorkais a établi une base de données recensant les aides publiques reçues par les entreprises de la part des États depuis 2007. Se penchant plus particulierement sur le cas de General Motors (GM), champion des aides publiques avec 1,77 milliard de dollars recus depuis 2007, les journalistes du New York Times soulignent que les bénéfices réels de ces aides en termes d’emploi et d’activité économique sont pour le moins douteux.

Plusieurs usines de GM ont été fermées quelques années à peine après que les États ou municipalités concernées aient accepté d’octroyer des conditions plus qu’avantageuses à la firme automobile. Des firmes comme Shell ou Caterpillar ont reçu des millions, voire des centaines de millions de crédits d’impôts alors même qu’elles engrangeaient des bénéfices substantiels et croissants. Même une firme comme Twitter a obtenu 22 millions de crédits d’impôts de la ville de San Francisco, engagée par ailleurs dans une politique d’austérité qui a vu, par exemple, le budget d’entretien des parcs publics amputé de 12 millions de dollars. Au même moment, Twitter inaugurait un parc privé sur le toit de son siège...

C’est ainsi également, côté entreprises françaises, que Michelin a recu 167 millions de dollars depuis 2007 de diverses sources, et Airbus 158 millions, principalement de l’Alabama où la firme a implanté une nouvelle usine. Parmi les autres bénéficiaires, on compte Sanofi (72 millions), L’Oréal (69 millions), Arkema (13,5 millions), Areva (13 millions, principalement de la Virginie), Alcatel, Saint-Gobain et ArcelorMittal (11 millions chacun), Lafarge (9 millions), Capgemini (7,2 millions), Axa (7 millions), ainsi que Solvay-Rhodia (3 millions), Thales (2,5 millions) et quelques autres.

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L’article du New York Times note qu’il n’existe quasiment aucun véritable programme de suivi et d’évaluation de l’efficacité pratique des aides publiques aux entreprises, qui peuvent prendre la forme de subventions directes, de crédits d’impôts ou de garanties financières. De manière générale, il est quasi impossible de calculer avec certitude le nombre d’emplois que ces aides permettent de créer ou de sauvegarder.

Les auteurs remarquent également que ces aides ont connu une croissance exponentielle avec la crise financière,laquelle a permis aux firmes d’exploiter les craintes des élus locaux pour obtenir des conditions encore plus favorables.

Le New York Times estime que les administrations locales américaines distribuent plus de 80 milliards de dollars d’aides publiques chaque année. En comptant les aides fédérales, la somme se porte à 170 milliards de dollars par an. L’exemple du Texas, qui distribue plus de 19 milliards de dollars par an, illustre les limites et les dérives de ce modèles économique : l’État se vante d’avoir été le principal foyer de créations d’emplois privés aux États-Unis depuis dix ans, mais la plupart sont payés au salaire minimum, de sorte que les Texans figurent toujours parmi les Américains les plus pauvres. Le tout sur fond de lobbying et de conflits d’intérêts généralisés.

Olivier Petitjean

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