Les huit syndicalistes incriminés avaient participé à la journée de grève générale du 29 septembre 2010, destinée à protester contre les plans d’austérité mis en oeuvre par le gouvernement espagnol. Une manifestation avait eu lieu devant l’usine d’Airbus (ex EADS) à Getafe, dans la banlieue de Madrid. Comme ailleurs dans le pays, elle avait été marquée par des affrontements avec les forces de l’ordre, qui ont fait neuf blessés parmi les manifestants [1]. Les syndicalistes sont aujourd’hui accusés d’« attentat contre l’autorité », de « blessures » et d’« attentat à la liberté du travail ». Les syndicats récusent ces accusations, dans lesquelles ils voient un règlement de compte politique orchestré par le Ministère de la Justice.
Le ministère public espagnol a fait connaître son réquisitoire : huit ans et trois mois de prison. Les syndicats espagnols et la confédération syndicale internationale de l’industrie IndustriALL dénoncent une remise en cause du droit de grève. « Cette peine d’emprisonnement manifestement excessive que réclame le ministère public est totalement démesurée par rapport aux frais reprochés et fait craindre la menace d’une criminalisation du droit de grève en Espagne », déclare le Secrétaire général d’IndustriALL Jyrki Raina. Les syndicalistes espagnols évoquent de leur côté « des accusations sans précédent depuis la dictature franquiste », qui illustrent la « régression » que connaît actuellement l’Espagne [2].
Lire le communiqué d’IndustriALL, avec le lien vers la lettre au procureur général de l’État espagnol.
On rappellera aussi que l’État espagnol est actionnaire d’Airbus, à hauteur d’un peu moins de 4%.
Olivier Petitjean
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Photo : Julio Albarrán CC
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