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27.06.2013 • Aides publiques aux entreprises

États-Unis : $456,000 dollars de subvention en moyenne pour créer un emploi

Depuis les débuts de la crise économique, les aides publiques aux entreprises ont connu une explosion aux États-Unis et ailleurs, sous prétexte d’encourager l’investissement et de combattre le chômage. Un nouveau rapport vient mettre en doute l’efficacité de ces aides en termes de création d’emploi.

Publié le 27 juin 2013 , par Olivier Petitjean

Chaque année, les États et collectivités locales américaines dépensent des dizaines de milliards de dollars en subventions et crédits d’impôts pour attirer les entreprises. Certains grands projets portés par les entreprises parviennent à attirer à eux seuls des dizaines, voire des centaines de millions de dollars d’aides publiques directes ou indirectes.

Des sommes qui peuvent sembler faramineuses au regard du faible nombre d’emplois directs effectivement créés - lorsqu’il y a même création d’emploi. Un rapport sur la question publié il y a quelques jours - qui étudie 240 megadeals impliquant des aides publiques supérieures à 75 millions de dollars - montre en effet que le coût moyen par emploi direct créé à travers des subventions de ce type s’élève à pas moins de 456 000 dollars. Et dans certains cas, ce coût unitaire peut se monter à plusieurs millions.

Le rapport - qui se concentre uniquement sur les aides accordées au niveau local, non sur les aides fédérales - est publié par Good Jobs First, une ONG américaine dédiée à la promotion de politiques de développement économique transparentes et responsables. L’ONG gère notamment une base de données recensant toutes les subventions et aides publiques accordées aux entreprises, le Subsidy Tracker.

Le secteur automobile est le principal bénéficiaire de ces aides. Le rapport souligne aussi que ces méga-subventions ont considérablement augmenté en volume et en importance depuis les débuts de la crise financière. Des conclusions qui rejoignent celles d’une enquête publiée il y a quelques mois par le New York Times.

Sous couvert d’encouragement à l’investissement et à la création d’emploi, on assisterait à une nouvelle forme insidieuse de transfert de richesse.

Les calculs de Good Jobs First incluent toutes les formes d’avantages économiques qu’une collectivité peut accorder à une entreprise : subventions directes, mais aussi crédits d’impôts, exonérations de charges, tarifs préférentiels. Par exemple, dans l’État de New York, une fonderie d’aluminium a obtenu un tarif avantageux pour son électricité pendant des dizaines d’années, lui permettant d’économiser virtuellement plusieurs centaines de millions de dollars.

On aimerait pouvoir bénéficier de tels chiffres en ce qui concerne les aides publiques aux entreprises accordées en France.

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Areva, Michelin et Airbus parmi les bénéficiaires

Parmi les bénéficiaires de ces « megadeals », on trouve d’ailleurs quelques entreprises françaises et leurs filiales américaines : Airbus (158,5 millions pour son usine d’assemblage dans l’Alabama, avec 1000 emplois à la clé), Michelin (123 millions en Caroline du Sud, pour créer 500 emplois), et surtout Areva.

L’entreprise publique française s’est vu accorder une un ensemble d’aides et d’avantages équivalant à 276 millions de dollars par l’État de l’Idaho en 2008 pour construire une usine d’enrichissement d’uranium [1], avec à la clé, selon le rapport, 250 emplois créés (soit plus d’un millions de dollars par emploi).

Parallèlement, Areva et ses filiales ont également touché plusieurs millions de subventions en Virginie et dans d’autres États. Et la firme nucléaire est impliquée dans la construction, pour le compte du gouvernement américain, d’une usine de MOX en Caroline du Sud. Ce projet attire de plus en plus l’attention de l’opinion publique en raison notamment de ses dépassements de budgets colossaux. Son coût total est désormais estimé à 7 milliards de dollars.

Olivier Petitjean

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Photo : practical owl @flickr, cc

Boîte Noire

Cet article a été mis à jour le 2 juillet 2013 pour préciser les différents types d’aides directes et indirectes entrant dans les calculs de Good Jobs First, ainsi que pour préciser la nature de l’aide obtenue par Areva dans l’Idaho.

Notes

[1Laquelle n’existe toujours pas : la date de début des travaux ne cesse d’être repoussée. Il semble que malgré cette subvention, Areva ait du mal à boucler les financements nécessaires dans le contexte post-Fukushima.

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