Parmi les projets contestés de TotalEnergies, celui d’ouvrir à l’exploitation les vastes gisements de gaz offshore au large du Mozambique figure en bonne place (lire Meurtri par le dérèglement du climat, le Mozambique s’ouvre à Total et aux multinationales pétrolières). Les travaux sont en suspens depuis 2021, du fait de la présence dans la province de Cabo Delgado d’un groupe armé islamiste. Malgré la sécurisation relative de la zone, la relance du projet – qui bénéficie d’un soutien appuyé du gouvernement français – se fait attendre.
Il y a quelques semaines, une enquête de Politico avait levé le voile sur la face cachée de ladite « sécurisation ». La « Joint Task Force » (JTF), une unité de l’armée mozambicaine, aurait détenu, torturé et finalement exécuté plusieurs dizaines de civils qui fuyaient les combats dans les locaux abandonnés par TotalEnergies.
Le groupe a assuré n’avoir aucune connaissance des faits et n’avoir plus aucun employé sur place à ce moment, mais il collaborait avec la JTF pour assurer la sécurité de son site. TotalEnergies est par ailleurs sous le coup d’une plainte pour non-assistance à personne en danger et homicide involontaire suite à la mort de sous-traitants du projet lors des violences de 2021.
Aujourd’hui, des documents révélés par Le Monde et nos partenaires italiens de ReCommon montrent que les responsables de la filiale de TotalEnergies sur place ont régulièrement fait remonter des informations sur les abus dont les forces de sécurité étaient accusées.
La multinationale n’a rompu son accord avec la Joint Task Force qu’en 2023, deux ans après les fait, suite à un rapport sur les droits humains commandé par TotalEnergies au diplomate Jean-Christophe Rufin.