19.10.2017 • Uranium

Exposition aux radiations et suppressions d’emploi : double peine pour les employés d’Areva au Niger

Sur fond de crise persistante du marché de l’uranium, Areva a annoncé la suppression de plusieurs centaines d’emplois dans ses mines d’Arlit, au Niger. Une décision qui n’a rien pour améliorer la situation de ses ouvriers et de leur famille, déjà exposés aux conséquences environnementales et sanitaires des radiations.

Publié le 19 octobre 2017 , par Olivier Petitjean

Le groupe nucléaire Areva s’apprête à procéder à des coupes sèches dans ses effectifs au Niger. Selon des sources syndicales, environ 200 emplois directs (sur 916) devraient être supprimés dans la mine de la Somaïr à Arlit, active depuis le début des années 1970. 500 emplois indirects de sous-traitants sont également appelés à disparaître. Des baisses d’investissements sur le site sont annoncées. Les ouvriers logés par Areva devront désormais payer leur eau et leur électricité. Autant de conditions « incontournables », selon le groupe lourdement endetté, pour assurer la survie des sites nigériens dans un contexte de crise du marché de l’uranium.

La direction d’Areva ne mentionne évidemment pas sa propre responsabilité dans l’accumulation de ces dettes, entre affaire Uramin, mauvaise gestion de l’usine du Creusot et pari illusoire d’un « renouveau nucléaire » sans cesse repoussé.

La cure d’austérité annoncée ne fera sans doute rien pour améliorer les conditions de travail des ouvriers d’Areva à Arlit et les problèmes d’exposition aux radiations des travailleurs et des riverains (lire notre enquête). Hasard du calendrier : il y a quelques semaines à peine, Almoustapha Alhacen, ancien employé d’Areva et président de l’association Aghirin’man qui dénonce l’impact environnemental et sanitaire des mines d’Arlit, s’est vu décerner le prix Résistance de la Nuclear-Free Future Foundation (« fondation pour un avenir sans nucléaire »), sorte de prix Nobel du mouvement anti-nucléaire (lire l’entretien de Mediapart avec Almoustapha Alhacen réalisé à cette occasion).

Les annonces d’Areva interviennent aussi après l’entrée en vigueur du nouvel accord fiscal négocié avec le gouvernement du Niger, qui doit faire passer de 5,5 à 12% la redevance minière versée par le groupe nucléaire français sur sa production d’uranium (lire notre entretien avec Ali Idrissa à ce sujet). Une évolution qui a pu jouer dans les calculs de la direction du groupe nucléaire et l’inciter à se tourner vers d’autres sources d’approvisionnement, comme le Kazakhstan. Le manque-à-gagner pour l’État nigérien, très dépendant des revenus de l’uranium, sera substantiel.

OP

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