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31.03.2015 • Énergies sales

GDF Suez, championne mondiale des centrales au charbon polluantes

Une étude de l’université d’Oxford met en lumière le désastre environnemental et climatique que représentent les centrales au charbon dites « subcritiques » - les plus anciennes et les plus polluantes. Celles-ci représentent encore 30% de la production d’électricité au niveau mondial. Elles sont dans leur majorité la propriété d’entreprises chinoises ou américaines, mais les firmes énergétiques françaises sont elles aussi concernées. GDF Suez apparaît même comme l’entreprise possédant le parc de centrales au charbon le moins performant au monde d’un point de vue environnemental, derrière deux petites entreprises indiennes.

Publié le 31 mars 2015 , par Olivier Petitjean

Les centrales subcritiques sont celles qui ont le pire impact aussi bien en termes d’émissions de gaz à effet de serre que de pollution de l’air et d’utilisation intensive de l’eau. Elles représentent les trois quarts de la production d’électricité à base de charbon et de nombreuses entreprises, y compris en Europe, continuent à faire des pieds et des mains pour contrecarrer les efforts de mise aux normes ou de fermeture de ces centrales, impulsés aussi bien en Chine qu’en Europe et aux États-Unis.

Le Guardian résume la teneur d’une étude de l’université d’Oxford (accessible ici en anglais) mettant en relief les piètres performances environnementales de ces centrales :

Les entreprises chinoises dominent la tête du classement, mais les compagnies américaines, y compris Berkshire Hathaway, l’entreprise de Warren Buffett, occupent 10 des 25 premières places. L’analyse [de l’université d’Oxford], produite dans le but d’aider les investisseurs à évaluer le risque de pertes financières majeures, conclut aussi que le géant français de l’énergie GDF Suez occupe la troisième place dans la liste des flottes de centrales au charbon les plus polluantes au monde.(...)

Un représentant de GDF Suez n’a pas répondu à la question de savoir pourquoi les 10 centrales au charbon subcritiques de l’entreprise avaient un niveau de pollution supérieur à toute autre firme, mis à part deux petites compagnies indiennes. Il a indiqué que l’entreprise était « consciente de ses responsabilités et de son rôle majeur dans la transition énergétique et s’était fixé des objectifs environnementaux ambitieux », y compris une réduction de ses émissions de CO2 de 10% d’ici 2020.

Lire l’intégralité de l’article sur le site du Guardian (en anglais).

En termes de génération totale d’électricité par des centrales subcritiques, GDF Suez occupe la 44e place mondiale (avec 10 centrales subcritiques) et EDF la 47e (8 centrales). En termes d’efficience carbone (le niveau d’émission de gaz à effet de serre requis pour générer une quantité donnée d’électricité), GDF Suez est quasiment à la dernière place mondiale ; seules deux petites entreprises indiennes font pire. Ses unités subcritiques sont réparties dans plusieurs pays dont l’Italie ou l’Australie (lire ici).

On rappellera qu’au regard des annonces faites par les concurrents européens de GDF Suez, une réduction de 10% des émissions de CO2 d’ici 2020 n’apparaît pas réellement ambitieuse. Le géant français s’est d’ailleurs plutôt distingué jusqu’à présent par son combat contre les énergies renouvelables), au profit du gaz.

Par ailleurs, il est désormais confirmé, depuis la publication du Document de référence 2014 de l’entreprise, que l’« obligation verte » émise par GDF Suez l’année dernière, censée bénéficier à la transition énergétique, servira bien, en fait, à boucler le financement de son mégabarrage amazonien, Jirau (lire notre enquête Obligations vertes : un nouvel outil financier pour sauver le climat, déjà dévoyé). Mobiliser des financements « verts » pour combler le trou financier d’un projet mal pensé du point de vue économique, extrêmement destructeur du point de vue social et environnemental, et portant atteinte aux droits des peuples indigènes... On aurait pu penser que cet argent aurait été mieux dépensé à remettre à niveau les centrales au charbon que le groupe français a laissé se décrépir.

Olivier Petitjean

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Photo : Pedro Menéndez CC

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