Les salariés d’Orange Guinée avaient entamé un mouvement de grève à la mi-septembre 2013, réclamant une augmentation de salaires de 50% et une amélioration de leurs conditions de travail. Ils dénonçaient également les inégalités entre salariés expatriés et guinéens, ainsi que la connivence entre Orange et le ministère guinéen des télécommunications (lire ici un entretien avec un leader syndical). Plusieurs réunions entre salariés, direction et gouvernement ont eu lieu, sans succès.
Au contraire, Orange semble avoir choisi l’épreuve de force puisque l’entreprise a engagé des poursuites judiciaires contre deux leaders syndicaux, les accusant d’actes de sabotage. Selon l’Agence Ecofin, l’un d’eux, Amara Baldé, a été arrêté le 27 septembre par des individus se réclamant de la Direction de la police judiciaire. Depuis, il n’a plus donné signe de vie. Selon ses parents, il aurait reçu des menaces de mort par téléphone, mais l’Autorité guinéenne des télécommunications refuse de révéler qui se cache derrière le numéro masqué. Réponse du porte-parole d’Orange Guinée ? : « Nous avons saisi la police, et nous allons la laissons faire son travail. »
Des actes de répression syndicale qui se déroulent au moment où le pays connaît une nouvelle crise politique. L’opposition refuse de reconnaître la victoire du parti du pouvoir du président Alpha Condé aux élections législatives du 28 septembre dernier. Une cinquantaine de personnes sont mortes depuis le début de l’année dans des manifestations antigouvernementales.
Bien implanté dans de nombreux pays africains, où il réalise un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards d’euros par an, le groupe français est récemment devenu le numéro un de la téléphonie mobile en Guinée. Il s’affiche volontiers comme un employeur modèle.
En France, les sections syndicales de Sud PTT et de la CGT ont apporté leur soutien aux grévistes guinéens.
OP