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22.06.2017 • Sûreté nucléaire

Les écologistes dénoncent un passage en force d’EDF et Areva pour faire homologuer la cuve défectueuse de Flamanville

C’est une affaire qui empoisonne la filière nucléaire française depuis des mois : la découverte de défauts dans l’acier de la cuve du futur réacteur EPR de Flamanville, ainsi que dans de nombreuses autres pièces forgées au Creusot. Après bien des délais, l’Autorité de sûreté nucléaire pourrait rendre, fin juin, un premier avis favorable à EDF et Areva, ouvrant la voie à l’inauguration du réacteur EPR de Flamanville en 2019. Les écologistes dénoncent les pressions exercées sur l’Autorité par le lobby nucléaire, et la manière dont EDF et Areva ont tenté de la mettre devant le fait accompli.

Publié le 22 juin 2017

C’est en 2015 que l’Autorité de sûreté nucléaire avait découvert des défauts dans la cuve forgée par Areva dans son usine du Creusot pour le futur réacteur EPR de Flamanville. Cette anomalie était de nature à remettre en cause la mise en service du futur EPR, déjà fortement retardée. (Lire nos articles sur cette saga ici, ici, ici et .)

La décision finale d’homologation ou non de la cuve avait été plusieurs fois retardée. Selon les informations du Monde, les entreprises EDF et Areva sont désormais persuadées que l’Autorité de sûreté nucléaire va donner, fin juin, son approbation sous condition :

L’ASN se prononcera sur la base d’un rapport établi conjointement par sa propre direction des équipements sous pression nucléaires et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Jusqu’à la fin de décembre 2016, les ingénieurs d’Areva et d’EDF ont mené une batterie d’analyses sur les propriétés mécaniques, chimiques et métallurgiques de l’acier, sous le contrôle permanent de l’ASN. Un examen des sollicitations (chocs de température et de pression) a été réalisé, en fonctionnement normal ou accidentel du réacteur, et des calculs de résistance ont été effectués, en faisant le postulat de l’existence d’une fissure et en évaluant son comportement face à ces chocs. L’ASN et l’IRSN étudient ces tests depuis près de six mois.

L’aval de l’ASN devrait néanmoins être assorti d’un engagement d’EDF sur un renforcement des contrôles de la cuve en cours d’exploitation. L’intégrité de l’acier des cuves des 58 réacteurs en service en France est habituellement contrôlée dans les deux à trois années qui suivent la mise en service, puis tous les dix ans, lors de la visite décennale. Ces contrôles ne sont ordinairement menés que sur la « virole de cœur », la partie la plus exposée au bombardement neutronique. Pour l’EPR, réacteur de troisième génération, ils devraient être étendus aux deux calottes qui ont présenté des défauts.

Lire l’intégralité de l’article sur le site du Monde

L’avis de l’ASN devra ensuite être soumis à consultation, et la décision officielle n’interviendra que dans plusieurs mois.

Le réseau Sortir du nucléaire fait circuler une pétition demandant au président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet, de ne pas valider la cuve. Elle a déjà recueilli plus de 30 000 signatures. Le réseau dénonce notamment les pressions exercées sur l’ASN, dans la mesure où l’approbation de la cuve de l’EPR est présentée comme vitale pour la survie même de l’industrie nucléaire française. La Commission européenne, par exemple, n’a approuvé l’opération de sauvetage d’Areva qu’à condition que la cuve soit déclarée sûre. Ce qui n’est pas un contexte des plus sereins pour trancher sur une question aussi importante en termes de sûreté nucléaire.

De son côté, Greenpeace a dénoncé dans un communiqué de presse l’absence de transparence d’EDF et d’Areva et « le fait qu’aucun scénario technique alternatif n’ait été rendu public, en cas de refus de la cuve et de son couvercle par l’Agence de sûreté nucléaire ». « Depuis le début de l’affaire, EDF et Areva mettent l’ASN devant le fait accompli : ils refusent de communiquer un plan B pour la contraindre à accepter que l’EPR démarre avec des pièces vérolées », a souligné Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour l’organisation écologiste.

Il y a quelques jours, Capital faisait état d’une note de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) indiquant des résultats nettement moins rassurants aux tests que ce que ne suggèrent aujourd’hui EDF et Areva.

Au même moment, EDF déclarait des incidents de niveau 2 sur l’échelle INES dans huit centrales nucléaires françaises, dont les réacteurs historiques de Flamanville. Ces incidents portent sur des risques de dysfonctionnement des équipements de secours en cas de séisme. L’ASN a demandé des réparations « au plus vite ».

OP

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Photo : schoella CC via Wikimédias Commons

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