12.05.2014 • Postcolonialisme

Les entreprises françaises actives sur le marché mondial des terres agricoles

Sur fond de débat international sur l’« accaparement des terres », l’ONG Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) fait le point sur les groupes français qui achètent ou gèrent de grandes surfaces agricoles dans des pays étrangers. Un document qui permet de comprendre les diverses manières dont des firmes françaises, pas toujours connues du grand public, peuvent être impliquées sur les marchés fonciers agricoles en Amérique latine, en Afrique ou en Europe de l’Est, malgré les risques d’atteintes aux droits des communautés locales et à l’environnement.

Publié le 12 mai 2014

Le rapport, signé Yves-Roger Machart, est accessible ici (PDF).

L’auteur précise que « la France [n’est] pas l’un des acteurs majeurs de ce mouvement [d’accaparement des terres] ». De fait, une partie de l’emprise foncière agricole des firmes françaises dans les pays du Sud, notamment en Afrique, semble d’abord une survivance de l’époque coloniale, même s’il existe aussi des acteurs se sont créés récemment, parfois spécifiquement pour surfer sur la vague de l’accaparement international des terres.

Les entreprises françaises impliquées dans la gestion de grands domaines agricoles sont classées en cinq grandes catégories. La première - celle des grandes firmes agroalimentaires qui achètent et gèrent directement des plantations ailleurs qu’en France - inclut le producteur de légumes Bonduelle, la coopérative sucrière Tereos, mais aussi, de manière plus inattendue, Michelin. Cette dernière possède des plantations d’hévéas au Vietnam (depuis la période coloniale), au Brésil et au Nigéria. Mais cela ne représente qu’une partie négligeable de sa consommation de caoutchouc, et Michelin tend à se désengager de la gestion directe de plantations. L’expansion internationale de Bonduelle (en Russie et Ukraine) et, surtout, de Tereos (au Brésil et au Mozambique) est plus récente.

Viennent ensuite deux groupes de négoce, ayant également des activités de production, l’un généraliste (Louis Dreyfus) et l’autre plus modeste, spécialisé dans le sucre et présent seulement en Russie (SUCDEN). Louis Dreyfus est l’un des géants mondiaux du négoce agricole, avec plus de 400 000 hectares en Amérique latine (canne à sucre, agrumes...) et des plantations de palmiers à huile en Indonésie.

Troisième catégorie : les « groupes africains », ou plutôt « franco-africains », dont la SOCFIN (liée au groupe Bolloré), qui exploite des palmiers à huile dans plusieurs pays, est la plus connue. SIFCA (caoutchouc, huile de palme, sucre), SOMDIAA (sucre), MIMRAN (sucre et farine), Compagnie fruitière (ananas, banane) sont tous des groupes présents dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, très intégrés du point de vue capitalistique dans les circuits du commerce agroalimentaire international.

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Agrocarburants et spéculation foncière : de nouveaux acteurs

On trouve ensuite une série de petites et moyennes entreprises ou de start-up dédiées à diverses formes de valorisation non-conventionnelle des produits agricoles ou forestiers, notamment des agrocarburants. Cette catégorie inclut AgroÉnergie Développement (AgroEd, AED), liée à la coopérative française des oléagineux Sofiprotéol.

Pour finir, le document présente une série d’acteurs financiers, créés spécifiquement pour profiter du récent boom des marchés fonciers et agroalimentaires internationaux. Les deux principaux sont Pergam Finances et Agrogénération (créé originellement par Charles Beigbeder). Ces fonds peuvent soit investir dans des firmes agroalimentaires, soit acquérir eux-mêmes des terres, qu’ils exploitent directement, confient à des firmes spécialisées, ou bien laissent en friche... en attendant de les revendre plus cher.

Basta ! avait déjà publié il y a 18 mois une première enquête sur les entreprises françaises impliquées dans l’accaparement des terres.

Olivier Petitjean

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Photo : Royal Dutch Shell CC

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