Sodexo emploie 133 000 personnels de restauration scolaire et universitaire aux États-Unis, qui constituent aujourd’hui le principal marché de la multinationale française. Dans le contexte américain, le choix de « déclasser » certains de ses employés et d’en rejeter la faute sur l’« Obamacare » n’avait rien d’anodin ; le geste contribuait à aligner Sodexo avec la frange la plus radicale des milieux économiques américains, la plus opposée à l’administration démocrate et ses velléités de régulation (lire États-Unis : Sodexo accusé de supprimer les avantages sociaux de ses employés pour se dérober à l’« Obamacare »).
L’entreprise française s’est toutefois trouvée confrontée à une mobilisation nationale orchestrée par le mouvement syndical nord-américain Unite Here !. Comme le souligne le résumé de l’affaire par Associated Press, la manoeuvre a même entraîné par contre-coup un mouvement de re-syndicalisation :
L’expérience de Sodexo pourrait servir d’avertissement pour les autres employeurs qui essaient de blâmer "Obamacare" pour la suppression des droits sociaux de leurs travailleurs. Les réductions de droits décidées par l’entreprise ont alimenté un mouvement de syndicalisation et suscité des manifestations sur les campus.
Les personnels des cafétérias ont pu compter sur le soutien des mouvements étudiants et, dans certains États comme le Vermont, celui des responsables politiques.
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Faites un donSodexo avait essayé de profiter d’une lacune juridique, qui lui permettait considérer comme employés « à temps partiel » certains personnels parce qu’ils ne travaillaient pas durant les vacances scolaires... Pour justifier son recul, la direction américaine de Sodexo a déclaré que l’entreprise, après avoir réexaminé la question, avait jugé qu’elle pouvait restaurer les droits sociaux de ces employés à partir du 1er janvier prochain tout en restant « compétitive sur le marché ».
Dans un communiqué de presse, le syndicat Unite Here ! a déclaré qu’il poursuivrait sa mobilisation pour obtenir le reclassement des employés concernés dès aujourd’hui, et la cloture de la lacune juridique utilisée par Sodexo.
Ce n’est pas la première fois que Sodexo a maille à partir avec le mouvement syndical américain. Ces dernières années, l’entreprise avait déjà été la cible d’une vigoureuse campagne organisée par une autre organisation syndicale nord-américaine, la SEIU (Services Employees International Union), qui s’était terminée devant les tribunaux. Des organisations de défense des droits des bois américains ont également ciblé l’entreprise française pour pratiques discriminatoires.
Olivier Petitjean
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Photo : marshillonline cc