Les plaignants soupçonnent des faits de corruption d’agents publics et de trafic d’influence. Ces présomptions « d’infractions pénales financières » interviennent dans le cadre du partenariat public-privé conclu entre les autorités russes et Vinci pour la construction de 43 kilomètres d’autoroute à proximité de Moscou. La multinationale française détient, via sa filiale Vinci concessions Russie SA, 100 % de la North West Concession Company (NWCC) créée en septembre 2007 pour l’obtention de ce marché public russe. Vinci, possède par ailleurs près de 40 % du consortium qui exploitera les péages de la future autoroute.
« Outre le climat corruptif qui a semblé caractériser dès le début l’attribution de ce marché, de graves atteintes à l’environnement ont été dénoncées, particulièrement dans la forêt de Khimki, proche de Moscou. C’est pourquoi des militants russes de la protection de l’environnement se sont joints à la plainte. » précise Sophie Lakhdar, directrice de Sherpa, qui se bat contre les crimes économiques (lire le communiqué initial). Parmi les plaignants, aux côtés de Sherpa, on trouve Russie-Libertés, qui soutient « le développement d’une démocratie digne de ce nom en Russie » ; le CEE Bankwatch Network, une ONG tchèque qui surveille les financements des institutions internationales en Europe centrale et de l’est ; et Mobo Princip, une association russe de défense de l’environnement. Parmi les membres de la société civile russe, figure la militante écologiste Evgenia Tchirikova, rendue célèbre par la lutte contre le projet autoroutier.
Ce projet a suscité une forte opposition de la société civile, engagée notamment dans la défense de la forêt de Khimki, que traversera la voie rapide (voir notre article de synthèse). Intimidations, passages à tabac, arrestations et condamnations arbitraires n’ont pas découragé les opposants. Mais le journaliste Mikhaïl Beketov, aujourd’hui décédé, avait été sauvagement agressé suite à la publication d’un article rapportant des faits de corruption entourant le projet d’autoroute.
Aujourd’hui, l’ouverture d’une enquête préliminaire permettra peut-être de faire la lumière sur les conditions dans lesquelles a été conclu ce partenariat public-privé - ce qui aurait été impossible en Russie, comme le souligne l’ultime communiqué des plaignants.
Nolwenn Weiler
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Photo : Daniel Beilinson cc by-sa