Grands patrons

Plus dure sera la chute : Carlos Tavares, patron encore adulé il y a quelques mois, est évincé de Stellantis

Hier adulé et bénéficiaire de rémunérations mirobolantes, le patron de Stellantis Carlos Tavares a été poussé vers la sortie prématurément par le conseil d’administration du groupe. Mais va-t-on tirer les leçons de ce retour de bâton ?

Publié le 5 décembre 2024 , par Olivier Petitjean

Il y encore un an à peine, Carlos Tavares était le roi de la bourse de Paris. Tout le monde se pâmait devant les superprofits de Stellantis, le groupe automobile qu’il a contribué à fonder en organisant la fusion de PSA et de FiatChrysler. Pour certains, ces performances justifiaient les rémunérations astronomiques que s’octroyait désormais le patron : 19 millions d’euros officiellement et jusqu’à 66 millions en 2021, 23 millions en 2022, et 36,5 millions en 2023.

Reflet du peu de crédit que l’on peut accorder aux engouements boursiers, la stratégie court-termiste poursuivie par Carlos Tavares, basée sur les réductions de coûts et l’agressivité commerciale, a fait long feu. Les problèmes de qualité se sont accumulés, et les ventes se sont tassées sur fond d’inflation.

De plus en plus critiqué depuis un an, le patron voulait néanmoins tenir jusqu’à sa retraite en 2026. Après avoir licencié une grande partie du comité exécutif, il proposait d’aller encore plus loin dans les réductions de coûts et les fermetures de lignes de production en France et d’usines en Italie, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. L’objectif ? Retrouver une croissance à deux chiffres et rétablir la performance financière du groupe.

Fuite en avant

Le conseil d’administration du groupe a décidé le 1er décembre de mettre fin à ses fonctions avec effet immédiat, invoquant les risques que cette stratégie faisait courir au groupe à long terme. Le pouvoir par intérim revient à John Elkann, membre de la famille Agnelli, première actionnaire du groupe avec 13%.

Ces événements ne sont pas sans mettre en question les modalités de rémunération des dirigeants de grands groupes et les motivations de Carlos Tavares. Derrière sa fuite en avant de ses derniers mois, il y avait certes sans doute le désir de redorer son blason, mais peut-être aussi celui de s’assurer une retraite confortable. Une partie de sa rémunération de ces dernières années était en effet conditionnée à la performance financière de Stellantis, et au fait qu’il reste en place jusqu’en 2026. Le montant de sa retraite et de ses éventuelles indemnités de départ n’a pas été communiqué.

Quant à l’avenir des salariés de Stellantis, il reste très incertain à un moment où l’industrie automobile européenne semble s’enfoncer dans la crise.

OP

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Photo : © École polytechnique - J.Barande - cc by-sa via Wikimedia Commons

Article publié par Olivier Petitjean

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