13.07.2017 • Délinquance environnementale

Pollution à l’acide à Florange : quelles suites pour ArcelorMittal, Suez et le lanceur d’alerte ?

Il y a quelques jours, l’employé d’un sous-traitant d’ArcelorMittal déclarait dans la presse avoir déversé dans la nature, pendant plusieurs mois, des centaines de mètres cube d’acide issu du site de Florange. Aujourd’hui, il se dit exposé à des représailles, alors que les entreprises concernées contestent les faits.

Publié le 13 juillet 2017 , par Olivier Petitjean

« J’ai déversé de l’acide d’ArcelorMittal Florange dans la nature. » Début juillet, l’employé d’une filiale de Suez, chargée de gérer les déchets du site de Florange, alertait les médias locaux. Il affirme avoir déversé illégalement pendant trois mois des centaines de mètres cube d’acide dans une décharge en plein air, destinée à accueillir des déchets non dangereux. Les riverains et les écologistes craignent des conséquences pour les nappes phréatiques et les cours d’eau locaux

Selon le lanceur d’alerte, ces acides auraient normalement dus être recyclés par une entreprise spécialisée, à un coût élevé. Il aurait ensuite été congédié après avoir essayé de lancer l’alerte en interne.

Voir ci-dessous une vidéo filmée par le lanceur d’alerte et son témoignage au micro de France Bleu Lorraine.

Le Républicain lorrain a ensuite révélé qu’un salarié d’une autre entreprise sous-traitante d’ArcelorMittal avait déjà dénoncé des faits similaires il y a quelques mois, impliquant cette fois d’autres entreprises, dont Veolia. Les services de l’État n’avaient pas donné suite, faute de pouvoir établir les faits.

Quelles suites à l’alerte ?

Quelques jours après ses premières déclarations, le lanceur d’alerte de Florange a à nouveau interpellé les médias pour déplorer sa situation. Il affirme notamment avoir été « blacklisté » par toutes les agences d’intérim de la région. « J’aurais dû me taire et continuer ma vie », a-t-il notamment déclaré. Malgré la succession de lois partielles ces dernières années, il n’existe toujours pas en France de dispositif de protection spécifique pour les lanceurs d’alerte, notamment dans le domaine de la santé et de l’environnement, alors qu’ils sont souvent exposés à diverses formes de représailles.

Du côté d’ArcelorMittal et Suez, on a annoncé le lancement d’enquêtes internes. Dans un premier temps, le géant de la sidérurgie a déclaré que les déversements incriminés ne présentaient aucun risque pour l’environnement et la santé des populations, et qu’ils n’étaient pas de sa responsabilité mais de « personnes isolées au sein d’ArcelorMittal ou des entreprises sous-traitantes ». Lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire le 11 juillet, la direction d’ArcelorMittal est allée plus loin en niant tout déversement d’acide dans le crassier.

Le parquet de Thionville a ouvert une enquête préliminaire pour atteinte à l’environnement. ArcelorMittal et la Communauté d’agglomération du Val de Fensch ont déposé une plainte contre X. La direction régionale de l’environnement, qui a procédé à des analyses sur le site, devrait rendre ses premières conclusions dans les prochains jours.

Olivier Petitjean

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Photo : Arnaud Malon CC via flickr

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