Le Parlement européen est en train d’étudier le budget de l’Union européenne pour 2017. Le projet déposé par la Commission avant l’été prévoit 5,2 milliards d’euros pour renforcer les frontières de l’Europe face aux migrants. Il contient aussi, pour la première fois, une ligne budgétaire spécialement dédié à la recherche militaire. Appelée « Action préparatoire pour la recherche dans le domaine de la défense » (preparatory action for research in the defence area), cette aide devrait s’élever à 25 millions d’euros pour 2017 [1]. Auparavant, le développement d’équipements militaire était financé par l’UE le biais du volet sécurité du programme pour la recherche Horizon 2020.
Le budget prévu pour 2017 – 25 millions d’euros – peut sembler à première vue modeste. « En réalité, les plans de l’industrie sont beaucoup plus larges et coûteux », souligne le réseau européen contre le commerce des armes (European Network Against Arms Trade). Si l’on en croit les recommandations du groupe de personnalités mis en place l’an dernier par Commission européenne pour réfléchir au développement de la recherche militaire, ce plan d’action devrait se voir allouer 3,5 milliards d’euros entre 2021 et 2027 [2]. Une recommandation peu étonnante étant donné que ce « groupe de personnalités » est en majorité constituée de représentants de l’industrie de l’armement, comme les PDG du fabricant de missiles MBDA, du Britannique BAE Systems, de l’Italien Finmeccanica, du groupe suédois Saab, ou encore d’Airbus…
« Relevant de la compétence exclusive des États, les biens militaires, au sens strict, ont toujours été exclus des lignes budgétaires de l’UE. C’est sur le point de changer. Et ce n’est que le début, alerte l’Observatoire des armements, une association française de vielle sur la question du commerce des armes. Le budget de l’Union européenne étant non extensible, cela conduira nécessairement à des coupes drastiques dans le secteur civil, ce qui nous semble inacceptable. Par ailleurs, le premier objectif avoué de ces subventions est de préserver la compétitivité de l’industrie de l’armement et de sa capacité à exporter à l’étranger, y compris aux États qui contribuent à l’instabilité et aux conflits meurtriers, comme l’Arabie saoudite. » Ce sont au final les députés européens qui devront décider s’ils veulent, ou non, que l’UE consacre des milliards au développement d’équipements militaires.
Rachel Knaebel
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Photo : Mickael Duval CC