22.04.2015 • France

Privatisation des autoroutes : derrière le débat sur les profits des concessionnaires, l’hémorragie sociale

S’il a beaucoup été question ces derniers mois des profits indus amassés par les entreprises auxquelles est confiée depuis 2006 la gestion des autoroutes françaises, on a moins parlé de ce qui a rendu ces profits possibles : l’érosion de l’emploi dans le secteur. Malgré les annonces officielles, le récent accord passé entre le gouvernement francais et les sociétés concessionnaires - Vinci, Eiffage et Abertis - n’a pas inversé la tendance.

Publié le 22 avril 2015

Mediapart, après avoir montré comment la haute administration a torpillé les efforts des députés pour reprendre en main la gestion des autoroutes (voir ici), montre sous son véritable jour social le « plan de relance autoroutière » annoncé par le gouvernement et les concessionnaires :

La semaine dernière, le gouvernement est enfin arrivé à un accord qualifié de « gagnant-gagnant » avec les sociétés concessionnaires des autoroutes françaises, Eiffage, Sanef-Abertis et Vinci. Après plusieurs mois de négociations, les ministères de l’écologie et de l’économie ont effectivement obtenu un lissage de la hausse des tarifs sur huit ans, en échange d’un prolongement de deux à trois ans des contrats de concession mais surtout de 3,2 milliards d’euros (sur onze ans, moins de 300 millions par an) pour financer de grands travaux. Des milliards qui vont « contribuer à la relance de l’activité économique et permettre la création d’emplois dans le secteur des travaux publics ». Il s’agirait même de « 10 000 emplois » générés, selon Matignon. Une aubaine. Sauf que c’est faux. Selon la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), directement concernée, il ne s’agit pas de créer des emplois, mais d’en préserver, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. (...)

Cette annonce en fanfare a donc fait grincer des dents, d’autant plus que le domaine des autoroutes subit, depuis sa privatisation, une érosion continue de ses effectifs, largement passée sous silence. « C’est dilué mais massif », affirme un ancien cadre haut placé, qui a suivi l’évolution du secteur depuis la vente du réseau autoroutier. La branche employait, avant 2006 et la cession de la plus grosse partie des autoroutes au privé, 20 000 personnes. Huit ans plus tard, ils ne sont plus que 13 000. (...) Dans un rapport comptable interne de Vinci sur l’une de ses filiales, l’objectif est clairement énoncé : en 2014, la rentabilité brute d’exploitation atteint son plus haut niveau historique, un record qui s’explique par une forte diminution des charges de personnel. Le géant du bâtiment, à lui seul, aurait contribué à réduire de moitié les personnels travaillant dans la branche autoroute.

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Photo : Emmanuel Huybrechts cc

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