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15.11.2024 • Actus, revue de presse et liens

Relations toxiques - La lettre du 15 novembre 2025

Publié le 15 novembre 2024

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Bonne lecture

Diplomatie gazière

La 29e conférence de l’ONU sur le climat se tient en ce moment à Bakou, en Azerbaïdjan, dans une ambiance qui n’incite pas à l’optimisme. L’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, le fait que pour la seconde fois consécutive, après Dubaï l’année dernière (et l’on pourrait ajouter l’Égypte l’année précédente), la COP se déroule dans une autocratie pétrogazière, la question épineuse des besoins de financement pour la transition climatique et de la responsabilité historique des pays riches, la présence à nouveau massive des lobbyistes des énergies fossiles (1773 selon le décompte de la coalition « Keep Big Polluters Out » rendu public ce jour) ... Tout ceci explique sans doute le peu d’espoir et le peu d’intérêts suscités par l’événement.

La COP29 est l’occasion de remettre un coup de projecteur sur l’Azerbaïdjan et la place qu’y occupent les groupes français. Berceau de l’industrie pétrolière, le pays reste un acteur stratégique à l’échelon régional de par sa position au carrefour de l’Europe, de la Russie et du Moyen-Orient.

Il y a une dizaine d’années, la France a mené une offensive diplomatique au plus haut niveau, dont le point d’orgue a été une visite présidentielle de François Hollande, pour s’assurer que TotalEnergies aurait une part du gâteau azéri. Comme aujourd’hui en Ouganda ou au Mozambique, l’Etat français s’est littéralement mis au service de la major pétrogazière pour faciliter ses projets dans le pays.

Aujourd’hui, alors que les tensions se sont accumulées entre la France et l’Azerbaïdjan, les autorités tricolores dans la région continuent de collaborer au quotidien avec TotalEnergies. Un mélange des genres qui se reflète aussi dans la désignation officielle du patron de l’entreprise dans le pays comme conseiller du commerce extérieur.

La France et TotalEnergies s’intéressent aussi de près aux gisements de gaz des autres pays riverains de la mer Caspienne, comme le Turkménistan.

Lire notre enquête : COP29 en Azerbaïdjan : malgré les critiques et malgré les tensions, une diplomatie française encore et toujours au service de TotalEnergies

En parallèle, nous publions un briefing qui présente de manière synthétique le rôle de l’industrie des énergies fossiles en Azerbaïdjan, et dans la COP29 en particulier, et la place des grandes entreprises françaises dans le pays. Les deux questions sont étroitement liées puisque l’essentiel des intérêts économiques français en Azerbaïdjan tourne directement ou indirectement autour de l’exploitation des hydrocarbures, impliquant – outre TotalEnergies – des entreprises comme Technip, Engie, la Société générale ou Suez.

Lire COP29 : l’Azerbaïdjan, TotalEnergies et l’industrie fossile.

Tendances lourdes

Début novembre, Auchan et Michelin ont créé une onde de choc dans l’opinion en annonçant la suppression de 2500 et 1250 postes respectivement parmi leur effectif français.

Syndicalistes et responsables gouvernementaux ont annoncé s’attendre à des plans sociaux supplémentaires, notamment dans des secteurs en difficulté comme la grande distribution, la chimie, le BTP ou encore l’automobile. La CGT évoque la disparition de « plus de 150 000 emplois ».

Ces nouvelles n’ont pas manqué de remettre sur la table la question des soutiens financiers publics dont bénéficient les grands groupes et notamment les deux « champions nationaux » qui ont fait la une de l’actualité. Pour combien exactement ? Difficile de le savoir, tant l’opacité continue à régner dans ce domaine, comme nous n’avons cessé de le déplorer dans le cadre de notre projet « Allô Bercy » sur les aides publiques aux entreprises.

Certains chiffres sont certes sortis dans la presse : 500 millions d’euros pour le groupe Mulliez, propriétaire d’Auchan, entre 2013 et 2018, au titre du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), 55 millions pour Michelin au titre du Crédit impôt recherche (CIR) et 12 millions d’euros au titre du chômage partiel durant la pandémie de Covid en 2020. Ils ne donnent toutefois qu’un aperçu partiel de la réalité.

Exonérations de charges, baisse du taux de l’impôt sur les sociétés, suppression des « impôts de production », CICE, CIR, rachats d’obligations des banques centrales... C’est toute la politique économique mise en place en France (et ailleurs) depuis des années qui consiste à arroser d’aides directes et indirectes les grandes entreprises, sans les soumettre à des conditions contraignantes en matière d’emploi (ni en matière de climat, ni d’aucune autre sorte).

En réalité, les annonces de Michelin et d’Auchan ne devraient pas être une surprise. Cela fait des années que la plupart des grands groupes français taillent dans leurs effectifs dans l’Hexagone – de manière plus discrète quand ça va bien, de manière plus drastique quand ils peuvent se justifier d’une crise. Cela fait des années qu’ils priorisent le versement de dividendes et de rachats d’actions. Nous avons eu maintes fois l’occasion de le montrer chiffres à l’appui (lire par exemple Comment le CAC40 a changé en vingt ans). En même temps que Michelin liquide les derniers restes de son implantation industrielle en France, le groupe a presque multiplié par quatre ses dividendes et rachats d’actions en depuis 2020.

Face à l’indignation de l’opinion, le gouvernement a promis de regarder comment l’argent public avait été utilisé par ces entreprises, tout en s’empressant d’ajouter qu’il n’était pas question de demander un quelconque remboursement.

On aimerait penser que le contexte de crise budgétaire et de plans sociaux est une opportunité pour mettre fin à une politique économique qui n’est qu’un transfert massif d’argent public dans les caisses des entreprises et dans les poches de leurs actionnaires, et dont il devrait être clair depuis longtemps qu’elle est un échec total au regard de ses objectifs affichés d’emploi et de transition climatique.

Tous nos chiffres et nos analyses sur la question des aides publiques aux entreprises sont disponibles sur notre page « Allô Bercy ».

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En bref

À quoi s’attendre pour le second mandat de Donald Trump ? Le « Project 2025 », un document de 900 pages porté par la Heritage Foundation, partenaire historique du réseau Atlas, se veut un programme clé en main pour le second mandat de Donald Trump à la Maison blanche. Les propositions extrémistes en matière de migration, de climat ou de droits sexuels y côtoient des mesures taillées pour les intérêts de certaines industries. Les critiques des démocrates durant la campagne ont poussé Donald Trump et les républicains à se distancier publiquement du Project 2025, mais leur succès électoral pourrait changer les choses. Et le document n’en révèle pas moins ce que pense et ce que veut une grande partie de la droite américaine au pouvoir aujourd’hui. Lire notre article « Project 2025 », ou comment la droite américaine imagine une seconde présidence Trump.

Portes tournantes entre le ministère des Armées et TotalEnergies. Alors que se tient la COP29, le groupe pétrogazier français TotalEnergies vient de faire un recrutement de choix en la personne de Clément Le Gouellec. Ancien conseiller industriel et innovation auprès de Sébastien Lecornu au ministère des Armées, il est aussi une personnalité clé au sein de l’influent Corps des Mines. Il travaillera désormais au sein de TotalEnergies OneTech, le pôle du groupe dédié à la recherche-développement. Il y sera plus particulièrement chargé, selon son profil LinkedIn, de la capture du CO2. Avant de travailler au ministère des Armées, il avait passé quelques années au sein de Thales et Airbus. Un recrutement qui illustre la prédilection de TotalEnergies pour les cadres des ministère des Armées et des Affaires étrangères (voir notre enquête Comment l’État français fait le jeu de Total en Ouganda et notre pages Les portes tournantes).

Cette lettre a été écrite par Olivier Petitjean.

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