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19.12.2013 • Morale à crédit

Selon une étude, les politiques de « responsabilité sociale » des entreprises favorisent... les pratiques irresponsables

Paradoxe ? Une étude universitaire signalée par le Guardian montre que les entreprises qui ont mis en place une politique de « responsabilité sociale » pourraient être davantage enclines à se permettre, ultérieurement, des pratiques irresponsables. Ayant l’impression d’avoir accumulé un certain ’crédit moral’, elles seraient d’autant moins vigilantes quant à leurs pratiques et à leur impact réels.

Publié le 19 décembre 2013

L’étude, réalisée par deux universitaires de la London School of Business et de l’Université de Californie, s’appuie sur une analyse systématique des discours et des pratiques de 49 des 500 plus grandes firmes mondiales. Enron et BP sont donnés comme deux exemples de firmes qui ont affiché des politiques très ambitieuses de responsabilité sociale des entreprises (RSE) avant de se retrouver objet de scandale.

Au-delà des explications d’ordre psychologique avancées par ses auteures, les contradictions révélées par cette étude sont aussi un bon indicateur de la déconnexion profonde entre d’une part la manière dont sont conçues et mises en oeuvre les politiques de responsabilité sociale et d’autre part la réalité concrète de la vie des entreprises.

Concevoir et mettre en oeuvre des stratégies de RSE permet aux dirigeants de se créer une image morale d’eux-mêmes et de leur entreprise, ce qui leur donne en dernière instance l’impression d’avoir accumulé des crédits moraux. Ces crédits moraux signifient qu’ils se sentent justifiés à adopter des pratiques moins éthiques et à être moins vigilants vis-à-vis des besoins des parties prenantes. Cette banque de crédits moraux conduit les dirigeants à penser qu’ils peuvent se comporter d’une manière socialement indésirable sans craindre de discréditer leur image.

C’est un peu comme une personne qui mangerait de manière équilibrée 11 mois sur 12 et se permettrait tous les excès durant les fêtes de fin d’année. Leur régime généralement sain leur donne suffisamment confiance pour qu’ils ne craignent pas d’être considéré comme une personne aux habitudes malsaines.

Notre étude conclut que pour cinq actions positives initiée pour ses parties prenantes, une entreprise accomplira en moyenne ultérieurement une action négative. Par exemple, une organisation peut prendre cinq mesures positives, par exemple donner 1,5% de ses profits pour des actions caritatives, puis s’impliquer ensuite dans des pratiques controversées qui affectent négativement l’économie locale (...). En outre, nos analyses suggèrent que cette relation entre comportements socialement responsables et irresponsables est d’autant plus forte dans les entreprises dont le PDG cherche délibérément à se doter d’une image morale.

Lire l’intégralité de l’article (en anglais) sur le site du Guardian.

OP

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Photo : David Drexler cc

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