En première ligne, la communauté des Premières Nations d’Athabasca Chipewyan risque d’être touchée. La rivière Athabasca, qui alimente en eau le territoire de ces Indiens, pourrait à nouveau être polluée par le développement de l’industrie pétrolière dans la région. « Cette rivière est notre vie depuis des milliers d’années. Elle nous a maintenus en nous donnant du poisson, de la nourriture, de l’eau, le moyen de nous déplacer, bref, tout », explique Alice Rigney, l’aînée de la communauté.
La pollution n’est cependant pas nouvelle dans la région. La rivière Athabasca charrie déjà des produits chimiques et des hydrocarbures qui proviennent directement des mines pétrolières situées en amont. C’est ce que l’on découvre dans le troisième épisode Fort McMoney, le jeu documentaire conçu par le journaliste David Dufresne sur la ville de Fort McMurray (lire l’interview réalisé par Basta !). Développement des cancers, poissons difformes, eau impropre à la consommation inquiètent les habitants de la communauté Athabasca Chipewyan. « Mes arrières petits-enfants n’auront rien si nous continuons à tout détruire comme cela, » explique Raymond Ladouceur, pêcheur professionnel, dans Fort McMoney. Quant au chef de la communauté, Allan Adam, il affirme : « S’ils ne peuvent pas nettoyer les poubelles qu’ils ont créées, alors nous ne donnerons pas notre accord pour une nouvelle installation. »
« Un environnement écologique productif »
Mais l’industrie pétrolière n’est pas en manque d’idées pour convaincre les populations d’accepter ces projets. Un médecin raconte notamment que des lecteurs DVD, des caméras et des chèques de 300 dollars sont distribués aux villageois lors de réunions de présentation des projets.
Pour convaincre le grand public, Shell affiche de belles promesses, bien dérisoires face au désastre environnemental qui touche la forêt boréale et les populations locales. L’entreprise pétrolière a ainsi prévu des zones de compensation et de conservation de la faune et de la flore, sur une surface de 750 hectares. « Un environnement écologique productif », selon les mots des responsables de la firme qui met également en avant la création de 750 emplois. Et 17 milliards de dollars seront reversés à la province de l’Alberta et au gouvernement fédéral ! Pourquoi donc s’inquiéter ?
Entre autres parce que le nuage jaune que n’auraient jamais dû filmer les réalisateurs de Fort McMoney interroge sur les pratiques environnementales de Shell ! Et ces images sont loin d’être les seules, dans le jeu-documentaire, pour illustrer l’exploitation incontrôlée du sous-sol canadien. « Ce pays est en voie de s’auto-détruire pour exploiter son pétrole », conclut le pêcheur Raymond Ladouceur. Tout cela pour alimenter l’immense demande mondiale en or noir.
Simon Gouin
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Photo : Shell CC
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