À travers sa société Stanhore International Trading, Abílio Diniz détient plus de 7 % du capital de Carrefour [1], ce qui fait de lui le deuxième actionnaire de l’entreprise française derrière la société Galfa, de la famille Moulin, propriétaire des Galeries Lafayette, et devant la famille de Bernard Arnault [2]. En toute logique, le milliardaire brésilien est aussi membre du conseil d’administration de Carrefour. L’enseigne française est devenue l’un des gros acteurs de la grande distribution au Brésil, avec plus de 600 magasins à travers le pays.
Mais Abílio Diniz ne se contente pas d’investir et de bâtir sa fortune grâce à la grande distribution. Il investit aussi dans la politique brésilienne, à droite, voir à l’extrême-droite. Les données officielles fournies par le tribunal supérieur électoral brésilien révèlent ainsi que le milliardaire a financé les campagnes de deux candidats du parti PSL, le parti du candidat d’extrême-droite à l’élection présidentielle Jair Bolsonrao, qui a obtenu 46 % des voix au premier tour des élections, le 7 octobre. Le même jour, les Brésiliens élisaient aussi leurs élus du Congrès, du Sénat, et des parlements des différents États du pays. Luiz Lima, ancien nageur professionnel, a été élu député au Congrès pour le PSL. Abílio Diniz a financé sa campagne à hauteur de 50 000 reais brésiliens (12 000 euros) [3]. Le milliardaire a accordé la même somme à la campagne d’un autre candidat du PSL pour l’élection au sein du parlement de l’État de São Paulo, Frederico d’Avila, un représentant de l’agro-business, également élu lui le 7 octobre.
Le parti de Jair Bolsonaro, totalement marginal avant ces élections, compte aujourd’hui 52 élus au Congrès. Cela en fait le deuxième plus gros parti à la chambre basse du parlement brésilien, derrière le Parti des travailleurs. Certains de ces nouveaux députés d’extrême-droite demandaient dans leur programme l’interdiction des partis de gauche, la classification comme organisations terroristes des mouvements sociaux comme le Mouvement des paysans sans terre ou le mouvement des travailleurs sans-toit, et le travail forcé pour les personnes condamnées à de la prison.
Rachel Knaebel
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Photo : CC Midia Ninja