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13.06.2017 • Management

« Un plan social low cost » : Sanofi accusée de sous-évaluer délibérément ses salariés

Depuis quelques années, l’entreprise Sanofi pratiquerait délibérément le « ranking forcé », consistant à sous-noter délibérément un quota fixe de salariés, pour mettre la pression sur les équipes, briser les « résistances au changement », et pousser les plus récalcitrants au départ. « Un plan social low cost », selon les syndicats, qui s’inscrit dans le contexte de restructurations et de suppressions d’emploi à répétition au sein du groupe pharmaceutique. La direction de Sanofi admet des « anomalies » mais dément l’existence de quotas à proprement parler. Enquête de Secrets d’info, émission de France Inter.

Publié le 13 juin 2017

L’enquête de « Secrets d’info » s’appuie sur de nombreux témoignages de cadres supérieurs de Sanofi ainsi que sur des courriels internes au groupe. Ces éléments suggèrent l’existence de pressions continues - malgré les alertes syndicales - sur les managers pour sous-noter entre 10 et 15% de leurs équipes, quelles que soit leurs compétences et leur travail, en ciblant ceux qui sont les plus résistants au « changement » :

Certains managers refusent - sans le dire officiellement - d’appliquer ces consignes. Car pour un manager, refuser rime avec démissionner. D’autant qu’eux-mêmes sont notés sur leurs résultats et peuvent à leur tour être évalués dans la catégorie des « mauvais ». D’autres trouvent ce système contre-productif et cherchent du travail à l’extérieur. François est prêt à franchir le pas : « Y a un truc qui déconne. Chez Sanofi, on est censé améliorer la santé des patients, pas détériorer celle des employés. Si l’objectif c’est motiver les gens pour faire plus, c’est raté. Si c’est briser les gens pour les pousser à partir d’eux même, c’est réussi. Je n’ai pas signé pour ça, ça me dérange d’être complice de ça. »

Écouter et lire l’enquête de Secrets d’info sur le site de France Inter

Cette pratique de sous-notation forcée - illégale - s’inscrit dans le contexte bien précis des restructurations à répétition de Sanofi depuis dix ans (lire notre enquête Sanofi, ou la restructuration permanente) :

Autre élément d’explication, l’enchaînement des plans sociaux chez Sanofi, six en quinze ans. A cela s’ajoute un plan d’économies d’un milliard et demi qui prévoit, de 2015 à fin 2017, le départ volontaire de 600 salariés en France.

Selon Pascal Lopez, délégué syndical central Force Ouvrière chez Sanofi Aventis Groupe, particulièrement en pointe sur ce dossier, les quotas de sous-notation forcée permettraient au groupe de mettre en place un plan social low cost : « Jusqu’alors, les plans sociaux semblaient suffire à la direction générale pour faire partir les salariés dans un cadre légal et négocié. Aujourd’hui, on constate qu’elle a trouvé un nouvel outil de gestion du personnel, qui lui permet de se séparer de salariés à un coup bien moindre. Entre un plan social amorti en 18 mois et un licenciement amorti en une journée, le choix semble être vite fait. » Le système de quotas permettrait aussi à Sanofi, selon ce syndicaliste, de se séparer de personnes qui ne peuvent pas partir dans le cadre du plan de départs volontaires en cours.

Il y a quelques mois, le syndicat FO de Sanofi avait révélé l’existence d’une liste noire nominative de 200 salariés à licencier dans le monde, dont 77 en France.

OP

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Photo : Andreas Levers CC via flickr

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