L’ « indemnité exceptionnelle » accordée à Bruno Lafont par le Conseil d’administration de Lafarge s’ajoutera à sa rémunération de 1,8 million (part fixe et variable) ainsi qu’au 722 860 euros de stock-options en actions prévus en 2014. Soit plus de 5 millions d’euros en 2015.
Pour le Conseil d’administration de Lafarge, cette prime se justifie pour « tout le travail accompli depuis un an ». « Il a été l’architecte du projet et il a travaillé pour la défense de son groupe avec un impact limité pour l’emploi en France », explique, à l’AFP, « une source proche du groupe ». Le cimentier emploie 63 000 personnes dans le monde, dont 5300 en France (8,5% des effectifs).
Les salariés de Lafarge, eux, ne semblent pas à la hauteur des efforts déployés par leur patron. Suite à la fusion, une première série de 380 postes seront supprimés dans le monde, dont 166 en France (203 postes supprimés à Paris et Lyon, moins les 37 postes créés en Isère). Ces chiffres peuvent paraître anodins au vu du nombre d’employés concernés. Mais les effectifs en France de l’entreprise du CAC 40 n’ont cessé de chuter depuis 2012 : moins 3000 salariés en trois ans (voir notre fiche concernant Lafarge).
Et les syndicats s’inquiètent de futures restructurations d’ampleur au sein des deux groupes fusionnés. « Des dizaines de milliers de travailleurs seront probablement essaimés ou mis à pied à la suite de cette fusion, mais la direction refuse toujours de consulter les syndicats », s’inquiétait en janvier Jyrki Raina, secrétaire général de la Fédération syndicale internationale de l’industrie, IndustriALL. Les syndicats avancent le chiffre de 15 000 salariés qui pourraient perdre leur emploi (lire ici). Ils n’ont probablement pas été aussi méritants que Bruno Lafont.
Ivan du Roy
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Photo : IndustriALL