La semaine dernière, les responsables de la mise en oeuvre de l’Accord se félicitaient d’avoir mené à bien les dix premières visites d’inspection d’usines et d’avoir mis en ligne les rapports correspondants, qui indiquent les problèmes constatés et les actions correctives nécessaires. Le processus d’inspection des usines - financé par de grandes marques comme H&M ou Benetton - doit se poursuivre jusqu’en septembre prochain.
Au même moment, la presse internationale (dont Le Monde) titrait plutôt sur les milliers d’ouvriers et d’ouvrières bangladais qui avaient perdu leur emploi du fait des fermetures d’usines entraînées par la mise en oeuvre de l’Accord. Parmi ces usines, celle de Softex, identifiée comme fabricant des pullovers pour le compte d’Auchan, et qui employait 3500 ouvriers et ouvrières [1].
Ces derniers auraient été renvoyés chez eux sans compensation. Les représentants du secteur textile bangladais (peut-être pas étrangers à la publication de ces articles) renvoient à la responsabilité des donneurs d’ordres occidentaux : « Nous fermons des usines à leur demande. Aussi c’est à eux de financer le chômage des ouvriers. »
Absence de compensation
Le texte de l’Accord pour la sécurité des usines textiles - signé à ce jour par plus de 150 grandes marques internationales, dont Auchan - incluait pourtant un certain nombre de dispositions sur la manière dont ce type de problème devait être géré. L’Accord stipule qu’en cas de problème de sécurité constaté par les inspecteurs, les usines doivent fermer temporairement le temps que les travaux nécessaires soient réalisés. Les ouvriers et ouvrières doivent être replacé-e-s dans d’autres usines ou continuer à se voir verser leurs salaires pendant au moins six mois. La dépense est censée être couverte soit par le fournisseur, soit par le donneur d’ordre, « soit par tout autre moyen ». L’Accord prévoit également que la fermeture d’une usine pour raisons de sécurité ne doit pas servir de prétexte aux donneurs d’ordre pour rompre leur relation d’affaires avec leurs fournisseurs.
Contactés, les responsables de la mise en oeuvre de l’Accord indiquent « avoir connaissance de la situation » et « être en train de travailler avec les parties concernées pour que les dispositions de l’Accord soient respectées ».
Auchan, de son côté, n’a pas souhaité répondre à nos questions. On rappellera que l’enseigne de grande distribution, bien qu’elle soit signataire de l’Accord, a toujours refusé de participer à l’indemnisation des victimes du Rana Plaza, bien qu’il soit avéré qu’un atelier de l’immeuble travaillait pour son compte. Selon Auchan, il s’agit d’un cas de sous-traitance « sauvage » (autrement dit, un contrat sous-traité en cascade par l’un de ses fournisseurs).
Olivier Petitjean
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Photo : Niloy CC