Au moins 1773 lobbyistes représentant le secteur des énergies fossiles sont accrédités à la COP29 qui s’achève ce week-end à Bakou, selon le décompte de la coalition « Kick Big Polluters Out ». Seules les délégations du pays hôte l’Azerbaïdjan, de la Turquie et du Brésil, qui accueillera la conférence internationale sur le climat l’année prochaine, sont plus importantes. C’est davantage que les délégués des dix nations les plus vulnérables à la crise climatique.
Comme les années précédentes, les industriels du charbon, du pétrole et du gaz sont donc en position de force pour peser sur les négociations et sur la teneur des débats, alors que les nations et les groupes les plus concernés sont absents, ou sous-représentés. Lors de la COP28 à Dubaï, les géants des fossiles étaient encore plus présents, avec 2450 lobbyistes identifiés, mais le nombre total de délégués était bien plus important. Proportionnellement, le secteur est encore mieux représenté à Bakou qu’il ne l’était l’année dernière.
Dans beaucoup de cas, les représentants des multinationales pétrolières, charbonnières ou gazières sont venus à Bakou par le biais d’associations patronales ou sectorielles. C’est ainsi que le groupe français TotalEnergies, par exemple, a placé des représentants dans les délégations de BusinessEurope ou encore de l’Association internationale du négoce d’émissions. Certains pays ont amené des industriels dans leur délégation gouvernementale officielle, comme l’Italie pour Eni, d’Eni et Italgas, ou encore la Grèce, la Suisse et la Belgique. Grèce et Italie sont les principaux consommateurs européens du gaz azerbaïdjanais.
Invitations spéciales
Contrairement à l’année dernière, la délégation officielle française n’inclue ni Patrick Pouyanné ni aucun autre cadre de TotalEnergies. La faute sans doute, sinon au scandale créé par son inclusion l’année dernière et à la lettre ouverte adressée à ce sujet au gouvernement par la société civile, en tout cas aux tensions diplomatiques actuelles entre la France et l’Azerbaïdjan. Ni Emmanuel Macron ni Agnès Pannier-Runacher ne se sont d’ailleurs rendu à Bakou.
Patrick Pouyanné était bien présent à Bakou, mais officiellement invité par l’Azerbaïdjan. En tout, selon l’analyse du Guardian, pas moins de 132 dirigeants et cadres du secteur des énergies fossiles ont reçu une accréditation spéciale en tant qu’invités de la présidence azerbaïdjanaise.
Parmi les lobbyistes des énergies fossiles présents à la COP, on compte notamment, selon un autre décompte du Center for International Environmental Law (CIEL) pas moins de 480 délégués qui défendent spécifiquement la technologie de la capture-séquestration du carbone. Les industriels continuent à mettre en avant comme solution à privilégier – d’aucuns diraient comme excuse pour continuer à exploiter du pétrole et du gaz – cette technologie onéreuse qui a démontré ses risques mais pas sa viabilité, et à faire pression pour obtenir des aides publiques à cet effet. Alors que la COP29 est censée répondre à la question du financement de la lutte contre le changement climatique, le risque existe qu’une partie de l’argent qui sera finalement débloqué soit immédiatement dévoyé.
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Ainsi que notre briefing sur l’importance de l’Azerbaïdjan dans le secteur du pétrole et du gaz et la place qu’y occupent les entreprises françaises COP29 : l’Azerbaïdjan, TotalEnergies et l’industrie fossile.