La crise sanitaire, quelle crise sanitaire ? Pour le commun des mortels, 2020 aura été l’année de la pandémie de Covid-19. Pour les actionnaires de LVMH, au premier rang desquels le PDG Bernard Arnault et sa famille, l’année 2020 signifie 3 milliards d’euros supplémentaires. C’est le montant des dividendes que l’assemblée générale du groupe de luxe, qui se tient ce 15 avril, s’apprête à approuver.
Il y a un an, l’entreprise avait versé près de 2,5 milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires, malgré la crise sanitaire et économique sans précédent. Le groupe s’était vanté d’une « réduction du dividende pour les actionnaires », mais avait tout de même décidé de verser 70 % de la somme initialement prévue. Aujourd’hui, alors que la France connaît un troisième confinement et que l’horizon d’une sortie de l’épidémie s’éloigne de jour en jour, les dividendes sont rapidement revenus à leur niveau antérieur. La famille Arnault possédant la moitié des actions du groupe, c’est 1,5 milliard supplémentaire d’euros qui rentreront directement dans leurs poches.
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Au début du premier confinement, Bernard Arnault avait clamé haut et fort qu’il renonçait, au nom de la solidarité nationale, à toute forme d’aides publiques. Dans son rapport Allô Bercy ? d’octobre 2020, l’Observatoire des multinationales a montré que ce n’était pas le cas. Contrairement à ce que le groupe a laissé entendre, LVMH a bénéficié du chômage partiel en France au sein de Sephora et des médias Les Echos et Le Parisien, ainsi qu’en Italie et en Allemagne, notamment pour Bulgari, Christian Dior et Louis Vuitton. Tout comme les autres entreprises du CAC 40, LVMH bénéficie de la baisse des impôts de production comprise dans le Plan de relance présenté le 3 septembre 2020 par le gouvernement. LVMH a aussi bénéficié des milliards d’euros consacrés par les banques centrales à acheter des obligations d’entreprises pour soutenir leur trésorerie… trésorerie qui lui a servi en partie à rémunérer ses actionnaires.
Dans les faits, l’activité de la multinationale a bien été impactée par la crise, mais modérément : son chiffre d’affaires (44,7 milliards d’euros) a diminué de 17 % en 2020 et son résultat net (4,7 milliards d’euros) a, quant à lui, diminué de 34 %. Mais le coût de la crise a été très inégalement réparti au sein du groupe. Les intérêts des actionnaires ont été préservés, de même que la rémunération du PDG Bernard Arnault qui se situe encore au niveau très confortable de 5,5 millions d’euros. Les employés du groupe, eux, ne sont pas logés à la même enseigne : l’effectif mondial total de l’entreprise a diminué de 7,8 %, soient près de 13 000 personnes en moins, dont 888 en France.
La crise du Covid-19 a été bénéfique aux milliardaires. Entre avril 2020 et avril 2021, selon le magazine Forbes, la fortune de Bernard Arnault a doublé, passant de 76 à 150 milliards de dollars. Le milliardaire français est désormais la troisième personne la plus riche de la planète, juste derrière Jeff Bezos (1er) et Elon Musk (2e). Et l’avantage pour un groupe de luxe comme LVMH, c’est que plus les riches s’enrichissent, meilleures sont ses affaires. Au premier trimestre 2021, il affiche des ventes record de 14 milliards d’euros - nettement mieux qu’au premier trimestre 2020 bien sûr, mais aussi sensiblement mieux qu’en 2019.
Margot Vermeylen et Olivier Petitjean
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Photo : Julien Châtelain CC BY-SA
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