03.11.2020 • Financement de la vie politique

L’argent des entreprises françaises dans les élections américaines

Ce mardi se tiennent aux États-Unis des élections sous haute tension. Elles seront aussi les plus chères de l’histoire, alimentées par des milliers de petits donateurs individuels, des milliardaires et des multinationales, dont plusieurs groupes français. Extrait du « véritable bilan annuel du CAC40 ».

Publié le 3 novembre 2020 , par Olivier Petitjean

L’élection 2020 aux États-Unis (présidence, Sénat et Congrès) va battre un nouveau record historique de dépenses, avec au moins 14 milliards de dollars de dépenses prévues. Une partie de cet argent provient de petits donateurs individuels, une autre de grandes entreprises ou de milliardaires comme le magnat des casinos Sheldon Adelson, qui a mis tout son poids derrière la réélection de Donald Trump.

Seule une partie de l’argent consacré par les entreprises au financement des campagnes électorales peut être tracée ; le reste passe par les associations professionnelles ou d’autres structures encore plus opaques. Le système des « political action committees » ou PACs est l’un des seuls dont les données soient rendus publiques. Le principe est le suivant : sous l’égide des firmes, les employés (généralement les cadres dirigeants) mettent en commun de l’argent et le versent à divers candidats. Les grandes entreprises françaises présentes aux États-Unis, comme toutes leurs homologues, s’adonnent à cette pratique. Nous avons examiné ces chiffres pour notre publication CAC40 : le véritable bilan annuel, comme nous l’avions déjà fait pour les élections précédentes de 2012, 2014 et 2016.

Selon les chiffres encore provisoires disponibles au 1er novembre (qui regroupent les dons des PACs et les dons directs des employés), le CAC40 a déjà déclaré plus de 3,8 millions de dollars de contributions politiques en 2020. La quasi totalité de ces financements des PACs concernent des candidats au Congrès et au Sénat, et non des candidats à la présidentielle - ni Donald Trump ni même Joe Biden.

En rouge, les firmes qui financent le plus de candidats républicains (via leurs PACs), en bleu celles qui financent le plus de démocrates. Source : OpenSecrets.org, chiffres au 1/11/2020.

Le premier contributeur du CAC40 à la campagne électorale américaine de 2020 est le groupe pharmaceutique Sanofi, avec près de 844 000 dollars déclarés. Le deuxième est l’assureur Axa, avec 588 000 dollars. Si l’on considère les sommes directement déboursées par les PACs, les deux firmes penchent nettement en faveur des candidats républicains au Sénat et au Congrès, comme on le constate à chaque campagne électorale. En revanche, le troisième du classement, Vivendi avec plus de 551 000 dollars déclarés à ce jour, penche depuis toujours en faveur des démocrates. Plus surprenant, la firme européenne Airbus penche massivement en faveur des candidats républicains. Ces différences sont l’effet de différents facteurs : les orientations politiques des dirigeants des firmes ou de leur industrie, les risques qu’une majorité démocrate s’attaque plus hardiment à la régulation des prix des médicaments (pour Sanofi), la couleur des élus des États où les firmes sont implantées, le choix de privilégier ou non les candidats en place.

Ce sont les mêmes firmes qui déclarent les plus importantes dépenses de lobbying à Washington. Là aussi, on retrouve en tête du classement Sanofi, pour lequel le marché américain du médicament est aussi stratégique que lucratif. Suivent Airbus, en raison de sa bataille commerciale sans trêve avec Boeing, puis Vivendi et Pernod Ricard.

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Photo : Gage Skidmore via Flickr

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Cet article est un extrait de CAC40 : le véritable bilan annuel, édition 2020.

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